Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/07/2012

La Commune de Paris (1871) Partie 5

La Commune à l'oeuvre (suite)

La plupart des professionnels de la justice ayant disparu, il faut pourvoir à tous les postes (il n’y a plus que deux notaires en activité dans Paris). Il y a beaucoup de projets mais faute de temps peu seront mis en application. Les enfants légitimés sont considérés comme reconnus de droit. Le mariage libre par consentement mutuel est décidé (16 ans pour les femmes, 18 ans pour les hommes) ; les actes notariaux (donation, testament, contrat de mariage) sont gratuits. Pour tempérer l’activité répressive de Rigault (à la Sûreté générale) il est décidé une sorte d’habeas corpus : les suspects arrêtés par le Comité central de la Garde nationale ou la Sûreté, doivent avoir une instruction immédiate de leur affaire (8 avril) ; les perquisitions et les réquisitions sans mandat sont interdites (14 avril) ; il est obligatoire d’inscrire le motif de l’arrestation sur les registres d’écrous (18 avril) ; une inspection des prisons est créée (23 avril).
Dans l’enseignement, le personnel de l’administration centrale est réfugié à Versailles, les écoles privées congréganistes, nombreuses car favorisées par la loi Falloux de 1850, sont vidées de leurs élèves (plus de la moitié environ des 160 000 enfants parisiens scolarisés dans le primaire) depuis le décret du 2 avril "séparant l’Église de l’État". Les professeurs du secondaire et du supérieur, assez peu favorables à la Commune, ont déserté lycées et facultés. Édouard Vaillant, chargé de ce secteur, prévoit une réforme qui vise à l’uniformisation de la formation primaire et professionnelle. Deux écoles professionnelles (une de garçons et une de filles) sont ouvertes. L’enseignement est laïcisé : l’enseignement confessionnel est interdit, les signes religieux chrétiens sont enlevés des salles de classe. Une commission exclusivement composée de femmes est formée le 21 mai pour réfléchir sur l’enseignement des filles. Quelques municipalités d’arrondissement, celle du XXe en particulier, qui ont alors la responsabilité financière de l’enseignement primaire, rendent l’école gratuite et laïque. Notons que le personnel enseignant, qui est à la charge des municipalités, reçoit une rémunération de 1 500 francs annuels pour les aide-instituteurs et 2 000 pour les directeurs, avec égalité de traitement entre les hommes et les femmes.

Dans le domaine des cultes, la Commune rompt avec le Concordat de 1802 qui faisait du catholicisme "la religion de la majorité des Français" et des curés et évêques des fonctionnaires. À la fin de l’Empire, les classes populaires parisiennes sont assez hostiles au catholicisme, très lié au régime impérial et aux conservateurs. L’anticléricalisme a été revigoré par la propagande blanquiste, très athée, et par l’attitude du pape Pie IX face à l’unification de l’Italie. Le 2 avril, la Commune décrète la séparation de l’Église (catholique) et de l’État, la suppression du budget des cultes, la sécularisation des biens des congrégations religieuses. Les religieux des couvents de Picpus, des Dames Blanches et d’Arcueil sont inquiétés ou arrêtés sous divers prétextes. Les églises de Saint-Laurent et de Notre-Dame des Victoires sont perquisitionnées. L’archevêque de Paris, Georges Darboy, est arrêté comme otage le 2 avril. La demande d’échange avec Auguste Blanqui, détenu par le gouvernement Thiers, est repoussée le 12 avril puis le 14 mai par Adolphe Thiers.

Gouvernement de Versailles contre Commune de Paris

Une grande partie de l’action de la Commune fut de lutter contre l’offensive menée par les troupes du gouvernement de Thiers : les « Versaillais ».
Comme le prouve la correspondance télégraphique qu’il entretient avec Jules Favre qui négocie la paix avec les allemands, Thiers bénéficie de l’appui du chancelier allemand Bismarck. Il s’agit en effet de mettre au plus tôt fin aux hostilités entre la France et l’Allemagne, une des conditions étant le désarmement de Paris. Alors que la convention d’armistice n’autorise que 40 000 soldats français en région parisienne, Bismarck libère rapidement près de 60 000 prisonniers de guerre qui peuvent s’adjoindre aux 12 000 soldats dont dispose Thiers. Le 1er avril, Thiers avoue à l’Assemblée nationale qu’il met sur pieds « une des plus belles armées que la France ait possédée ». Les Versaillais seront 130 000 au début de la Semaine sanglante.Ces soldats d’une armée de métier (service de 7 ans) sont surtout issus du milieu paysan. Les conseils de révision écartent la plupart les jeunes gens des villes pour "déficience physique", en raison des conditions de travail que l’industrie de l’époque impose aux jeunes ouvriers, malgré la loi de 1841 sur le travail des enfants. Ils sont commandés par le vaincu de Sedan, le maréchal de Mac-Mahon. En « banlieue » nord et est de Paris, qu’ils contrôlent, les Allemands laissent passer les troupes versaillaises qui veulent contourner Paris. De plus les Allemands, par convention avec le gouvernement Thiers, occupent le Chemin de fer du Nord, établissent un barrage de troupes de la Marne à Montreuil et massent 80 canons et 5000 soldats près de la Porte et du fort de Vincennes (tenus par les Communards) bloquant ainsi la sortie par l’Est de la capitale.

Face à cette armée nombreuse, expérimentée et bien armée, la Commune dispose des hommes de la Garde nationale. Depuis la Restauration, tous les hommes de 25 à 50 ans pourvus de leurs droits politiques en font partie. Les armes sont fournies par l’Etat, mais l’habillement reste à la charge du garde. À Paris, le recrutement se fait par arrondissement. Dans les limites communales le service est gratuit, mais le garde reçoit une solde s’il sert au-delà. Sous le Second empire tous les hommes mariés de 25 à 50 ans sont enrôlés. Le 12 août 1870, le gouvernement réorganise 60 bataillons. Les quartiers bourgeois de Paris (l’ouest et le centre de la capitale) en fournissent plus des trois quarts. Début septembre le gouvernement de la Défense nationale en crée 60 autres, fin septembre il y a 254 bataillon ! Les nouvelles créations sont au trois quarts issues des quartiers populaires de l’Est parisien(Xe, XIe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements). On peut y voir l’influence du siège de Paris par les Allemands qui ranime la fibre patriotique des Parisiens, mais aussi l’espoir de toucher la solde, devenue le seul revenu des familles ouvrières touchées par le chômage consécutif au blocus de Paris par les Allemands. Le 5 avril la Commune décrète la mobilisation comme volontaires des jeunes gens de 17 à 19 ans et en service obligatoire des célibataires et hommes mariés de 19 à 40 ans. Ces hommes n’ont pratiquement pas d’expérience militaire et s’ils sont animés d’une ardeur républicaine sont assez réticents à la discipline et souffrent, malgré quelques exceptions remarquables (Dombrowski, Rossel), d’une insuffisance du commandement (les officiers sont élus plus sur leurs convictions que sur leurs capacités à diriger des soldats). En théorie la Commune dispose de près de 194 000 hommes de troupe, sous-officiers et officiers (nombre publié par le Journal officiel de la Commune le 6 mai).En fait les combattants sont moins nombreux. Les estimations vont de 10 000 (Camille Pelletan) à 41 500 (Cluseret, délégué à la Guerre, le 5 avril). On peut les estimer à 25-30 000 début avril et moitié moindre à la mi-mai. L’hémorragie peut s’expliquer par le fait que beaucoup d’inscrits ne le sont que pour la solde et restèrent spectateurs pendant les combats ; sans compter ceux qui périrent dans les opérations militaires contre les troupes versaillaises. www.histoiredumonde.net

 Mon profil FB 

03/07/2012

La Commune de Paris (1871) Partie 4

La commune à l'oeuvre (suite)

La liberté de la presse est réaffirmée le 19 mars par le Comité Central de la garde nationale. Les journaux anti-communards continuent donc de paraître à Paris, et se livrent à des attaques violentes contre le soulèvement et relaient les mots d’ordre politiques de Thiers. Aussi dès le 5 avril Le Journal des Débats et La Liberté, jugés pro-versaillais sont interdits. Le 12 ce sera Le Moniteur Universel. La presse pro-versaillaise continuant ses attaques, le 9 avril, la Commission de Sûreté générale, rappelle que la "déclaration préalable" reste en vigueur pour la presse. Dès le 18 avril la Commune menace d’interdiction les journaux qui" sont favorables aux intérêts de l’armée ennemie" et qui continuent tout de même de paraître. C’est surtout en mai que la lutte contre la presse pro-versaillaise prend de la vigueur, le 5 mai, 7 journaux sont supprimés, le 11 ce sont 5 autres journaux et le 18 mai, 9 autres. Il est bien évident que la presse parisienne pro-communarde ne peut être diffusée en province du fait de la vigilance du gouvernement Thiers.

La Commune doit faire face à l’absentéisme des fonctionnaires, qui pour une grande part sont partis à Versailles avec Adolphe Thiers ou qui restent chez eux comme ce dernier leur ordonne. Il s’agit aussi de changer l’état d’esprit de ces agents publics recrutés sous le Second Empire. La Commune décide l’élection au suffrage universel des fonctionnaires (y compris dans la justice et dans l’enseignement), le traitement maximum sera de 6 000 francs annuels (l’équivalent du salaire d’un ouvrier) (2 avril) et le cumul est interdit (4 mai). Les fonctionnaires ne doivent plus le serment politique et professionnel.

Le Conseil de la Commune, issu d’un mouvement populaire, se préoccupe d’améliorer la condition des prolétaires. Le 20 avril, le travail de nuit dans les boulangeries est interdit, mais il faut lutter contre le travail clandestin par des saisies de marchandises et affichage de la sanction dans les boutiques. Le 16 avril, un décret réquisitionne les ateliers abandonnés par leurs propriétaires (assimilés à des déserteurs) et prévoit de les remettre à des coopératives ouvrières après indemnisation du propriétaire : deux ateliers fonctionneront ainsi pour la fabrication d’armes (la journée de travail y est de 10 heures et l’encadrement est élu par les salariés). Pour lutter contre une pratique patronale très répandue, la Commune interdit les amendes et retenues sur salaires dans les administrations publiques et les entreprises privées (28 avril). Pour lutter contre le dumping salarial dans les appels d’offres concernant les marchés publics, un cahier des charges avec indication du salaire minimum. Les bureaux de placement de la main d’œuvre, entreprises privées très florissantes sous l’Empire, monopoles agissant bien souvent comme des "négriers", sont supprimés et remplacés par des bureaux municipaux (20 avril). www.histoiredumonde.net

 Mon profil FB 

02/07/2012

Louison Chimel (Louison Chimel) J'aime la Grèce (rediffusion)


A.Chimel - J'aime la Grèce par Chimel_Louison

01/07/2012

La Commune de Paris (1871) Partie 3

La Commune à l'oeuvre (début)

Dès le 29 mars, le Conseil de la Commune forme en son sein dix commissions : Exécutive, militaire, subsistance, finances, justice, sûreté générale, travail, industrie et échanges, services publics et enseignement. Le 21 avril le Conseil décide qu’un membre de la commission exécutive est « délégué » auprès de chacune des neuf autres commissions pour en diriger les travaux. Gustave Cluseret devient Délégué à la Guerre (remplacé le 1er mai par Louis Rossel lui-même remplacé le 10 mai par Charles Delescluze) ; Auguste Viard est Délégué aux Subsistances ; Edouard Vaillant à l’enseignement ; Raoul Rigault à la Sûreté générale (où il sera remplacé le 24 avril par Frédéric Cournet, puis le 13 mai par Théophile Ferré) ; Léo Fränkel, est nommé au Travail, à l’Industrie et aux Échanges ; Jules Andrieu est aux Travaux publics. Le Comité de Salut public, créé le 28 avril, dont les attributions n’ont pas été précisées, vient empiéter sur celles des commissions et crée une certaine confusion (qui aboutira le 10 mai à la démission de Louis Rossel, Délégué à la Guerre).

La Commune va administrer Paris jusqu’au 20 mai. Son action législatrice est considérable, de nombreuses mesures sont prises et appliquées à Paris pendant les 70 jours qu’elle dura. La plupart furent abolies après la destruction de la Commune. Sont décrétées des mesures d’avant-garde que la république n’a repris que plusieurs décennies plus tard.

Le Conseil de la Commune, commence par régler les questions qui sont à l’origine du soulèvement du 18 mars. Le 29 mars, un décret remet les loyers non payés d’octobre 1870 à avril 1871 ; la vente des objets déposés au Mont-de-Piété est suspendue. Le 12 avril, les poursuites concernant les échéances non payées sont suspendues, le 16 avril un délai de trois ans est accordé pour régler les dettes et les échéances. Le 6 mai, le dégagement gratuit des dépôts, faits au Mont-de-Piété, inférieurs à 6 francs est permis. La solidarité est également organisée. Une pension est versée aux blessés, aux veuves (600 francs) et aux orphelins (365 francs) des gardes nationaux tués au combat (8 et 10 avril). Le 25 avril un décret réquisitionne les logements vacants au profit des sinistrés des bombardements allemands et versaillais. Des orphelinats sont créés avec l’aide en fourniture des familles parisiennes. La question du ravitaillement est moins cruciale que pendant le siège hivernal de Paris par les Allemands. Sauf le pain qui est taxé, les autres aliments se trouvent suffisamment grâce aux stocks accumulés après le siège, aux arrivages des terres agricoles et jardins compris entre les fortifications et les lignes allemandes. Pourtant, par sa circulaire du 21 avril, le gouvernement Thiers impose le blocus ferroviaire de la capitale. Des ventes publiques de pommes de terre, des boucheries municipales sont créées (22 avril) pour alléger le budget des familles (à l’époque essentiellement constitué du poste alimentation). Des cantines municipales, des distributions de repas (comme les Marmites de Varlin) fonctionnent, des bons de pain sont distribués.

La Commune prend quelques mesures symboliques : le drapeau rouge est adopté le 28 mars, et le calendrier républicain (an 79 de la République) est de nouveau en vigueur. La destruction de la colonne Vendôme, considérée comme le symbole du despotisme impérial, est décrétée le 12 avril et réalisée le 16 mai. La confiscation des biens de Thiers et la destruction de son hôtel particulier à Paris sont décidées (Thiers se fera rembourser plus d’un million de francs).

 Mon profil FB 

30/06/2012

Sur la finale du championnat d'Europe de foot

ballon-de-foot-t15759.jpg
Finalement, ce sera pizza contre paella...
Ca va sentir bon dans les cuisines calabraises et catalanes. Louison-Antoine

La Commune de Paris (1871) Partie 2

Déclenchement

Thiers avait commandé la construction des fortifications qui entouraient Paris, alors qu’il était ministre de Louis-Philippe. Il avait conçu cette enceinte pour défendre la ville contre des ennemis, mais avait aussi déjà calculé à l’époque que, pour mettre un terme aux insurrections populaires, il suffisait d’enfermer les insurgés dans la ville, puis de les réprimer. En février 1848, Thiers avait vainement proposé ce plan au roi Louis-Philippe, pour briser la révolution parisienne.

Le 17 mars 1871, Thiers et son gouvernement, évaluant mal l’état d’esprit des Parisiens, envoient la troupe au cours de la nuit s’emparer des canons de la butte Montmartre. Ce même jour, Thiers prend soin de faire arrêter Auguste Blanqui (républicain révolutionnaire insurectionnaliste surnommé « l’Enfermé » parce qu’il avait passé plus de la moitié de sa vie dans les prisons des rois et de l’empereur) qui se reposait chez un ami médecin à Bretenoux (Lot). De là, il le fait transférer en Bretagne, sous surveillance militaire, avec ordre de tirer en cas d’évasion.

Le 18 mars, à Montmartre, au matin, le peuple parisien s’oppose à la troupe venue chercher les canons, puis, rapidement, celle-ci fraternise avec lui. Un peu partout dans Paris la population s’en prend aux représentants supposés du gouvernement, élève des barricades et fraternise avec la troupe. Deux généraux, Claude Martin Lecomte qui avait donné ordre de tirer sur la foule et Clément Thomas (responsable de massacres en juin 1848), sont fusillés rue des Rosiers (en partie rue du Chevalier-de-La-Barre actuelle). C’est le début de l’insurrection. Thiers gagne Versailles, environ 100 000 Parisiens, surtout provenant des quartiers chics de l’ouest parisien et des fonctionnaires, l’y suivent.

422px-Les_hommes_de_la_Commune.jpgLes acteurs de la commune

Les élections sont organisées le 26 mars pour désigner les 92 membres du Conseil de la Commune. Compte tenu des départs de Parisiens avant et après le siège de Paris par les Allemands, et de ceux qui suivent Thiers à Versailles (100 000 selon les dires de Thiers) les abstentions sont d’environ 25 pour cent, nombre normal pour l’époque. L’élection d’une vingtaine de candidats « modérés », représentant les classes aisées, montre que les élections furent relativement libres. Les arrondissements de l’Est et du Nord (XVIIIe, XIXe, XXe, Xe, XIe), le XIIe et le XIIIe dans le sud ont voté massivement pour les candidats communards. Les Ier, IIe, VIIIe, IXe et XVIe ont quant à eux voté massivement pour les candidats présentés par les maires du Parti de l’Ordre (environ 40 000 voix) et les abstentions y ont été très importantes. En fait 70 siègeront, du fait de la démission rapide d’élus modérés et de l’impossibilité pour certains d’être présents à Paris (par exemple Blanqui) et des doubles élections. Le Conseil est représentatif des classes populaires et de la petite bourgeoisie parisiennes. On y trouve 25 ouvriers, 12 artisans, 4 employés, 6 commerçants, 3 avocats, 3 médecins, 1 pharmacien, 1 vétérinaire, 1 ingénieur, 1 architecte, 2 artistes peintres, 12 journalistes.

Toutes les tendances politiques républicaines et socialistes sont représentées. Parmi la vingtaine de « jacobins », admirateurs de la Révolution de 1789 et plutôt centralisateurs, on trouve Charles Delescluze, Félix Pyat, Charles Ferdinand Gambon, Paschal Grousset... À peine plus nombreux les « radicaux », partisans de l’autonomie municipale et d’une république démocratique et sociale, tels Arthur Arnould, Charles Amouroux, Victor Clément, Jules Bergeret... On compte une dizaine de « blanquistes », adeptes de l’insurrection avant-gardistes, comme Jean-Baptiste Chardon, Émile Eudes, Théophile Ferré, Raoul Rigault, Gabriel Ranvier... Quelques « proudhoniens », partisans de réformes sociales siègent : Léo Fränkel, Benoît Malon,Eugène Varlin... Enfin des « indépendants » ont été élus, tels Jules Vallès et Gustave Courbet...

Rapidement le Conseil de la Commune se divise en « majorité » et « minorité ». Les majoritaires sont les « jacobins », les « blanquistes » et les « indépendants ». Pour eux le politique l’emporte sur le social. Se voulant les continuateurs de l’action des Montagnards de 1793, ils ne sont pas hostiles aux mesures centralisatrices voire autoritaires ; cependant ils voteront toutes les mesures sociales de la Commune. Ce sont eux qui imposeront la création du Comité de Salut public le 1er mai par 45 voix contre 23. Les minoritaires sont les « radicaux » et les « internationalistes » proudhoniens, ils s’attachent à promouvoir des mesures sociales et anti-autoritaires, ils sont les partisans de la République sociale. Ces tendances se cristalliseront le 28 avril, lorsque les majoritaires imposent la création d’un Comité de salut public, organisme que les minoritaires refusent car il leur semble contraire à l’aspiration démocratique et autonomiste de la Commune. Si ces luttes d’influence sont incomprises d’une grande partie des Parisiens, les deux tendances feront combat commun dès l’entrée des troupes versaillaises dans Paris.

À côté de ces personnalités, il ne faut pas oublier l’extraordinaire effervescence politique que manifestent les classes populaires de Paris. La tension politique est maintenue par les élections à répétition, le 26 mars pour le Conseil de la Commune et le 16 avril pour des élections complémentaires. Les cérémonies officielles permettent aussi les rassemblements : l’installation du Conseil de la Commune à l’hôtel de ville le 28 mars, les obsèques du socialiste Pierre Leroux à la mi-avril, la destruction de l’hôtel particulier de Thiers, la démolition de la Colonne Vendôme le 16 mai. Mais surtout la population peut se retrouver dans de nombreux clubs pour y discuter de la situation, proposer des solutions voire faire pression sur les élus ou aider l’administration communale. Réunis dans les lieux les plus divers, ils permettent à des orateurs réguliers ou occasionnels de faire entendre les aspirations de la population, en particulier la mise sur pied d’un nouvel ordre social favorable aux classes populaires. Si ces clubs sont nombreux dans les quartiers centraux (Ier, IIe, IIIe, IVe, Ve et VIe arrondissements), les quartiers chics de l’ouest parisien n’en comptent aucun (VIIe, VIIIe et XVIe). Les clubs se fédérèrent le 7 mai afin d’avoir des contacts plus efficaces avec le Conseil de la Commune. S’ajoutant aux titres déjà existants, plus de 70 journaux sont créés pendant les 70 jours de la Commune. Mais la liberté de la presse est restreinte dès le 18 avril et le 18 mai le Comité de Salut public interdit les journaux favorables au gouvernement Thiers. Les journaux les plus influents sont Le Cri du Peuple de Jules Vallès, le Mot d’ordre d’Henri Rochefort, l’Affranchi de Paschal Grousset, Le Père Duchesne de Versmersch, la Sociale avec madame André Léo, Le vengeur de Félix Pyat, La Commune. www.histoiredumonde.net

 Mon profil FB 

29/06/2012

Médias menteurs ?

iL-pleut.jpgLe gouvernement nous pisse dessus. Les médias nous font croire qu'il pleut.

Slogan qu'on retrouve dans le film Oublier Cheyenne

 Mon profil FB 

Question de caractères

Plume.jpgJ'aime avoir ce qu'il faut en caractères... quand j'écris. Louison-Antoine

 Mon profil FB 

28/06/2012

La Commune de Paris (1871) Partie 1

La Commune de Paris, du 26 mars 1871 jusqu’à la « semaine sanglante » (21 - 28 mai), désigne une période révolutionnaire à Paris, qui, contre le gouvernement, issu de l’Assemblée nationale qui vient d’être élue, établit une organisation ouvrière comme organisatrice de la ville, et gouvernement prolétarien. Dans plusieurs autres villes de France (Marseille, Lyon, Saint-Étienne, Toulouse, Narbonne, Grenoble, Limoges) des communes sont proclamées à partir du 3 mars 1871, mais elles furent toutes rapidement réprimées. Pour Karl Marx, c’est la première insurrection prolétarienne autonome.

Origines

La Commune de Paris trouve sa source dans un élan républicain se référant à la Première République et au gouvernement révolutionnaire de la Commune de Paris (1792), ainsi qu’à l’insurrection populaire de juin 1848 sous la Deuxième République et qui avait été réprimée de façon sanglante par le gouvernement instauré par la Révolution de février 1848. C’est d’ailleurs depuis cette date que le drapeau rouge rallie les insurrectionnalistes et barricadiers (symbolisant le sang du peuple ouvrier, le drapeau tricolore étant vu comme synonyme de répression, le drapeau rouge était à l’origine, sous la Révolution, le drapeau symbolisant la loi martiale, le peuple a repris ce symbole pour se moquer des monarques et des soldats).

De 1804 à 1871, la France ayant vécu principalement sous des régimes monarchiques ou impériaux (Premier Empire, Restauration, Monarchie de Juillet, Second Empire), le régime républicain n’avait fonctionné que très peu d’années. En juillet 1870, Napoléon III entreprend une guerre contre la Prusse qui, mal préparée, le conduit rapidement à la défaite. La Troisième République est proclamée le 4 septembre 1870, mais la guerre continue. Paris est assiégé et connaît une grave famine au cours de l’hiver 1870-71. Jules Favre, ministre des Affaires étrangères du Gouvernement de la Défense nationale, signe un armistice avec Bismarck. Celui-ci prévoit, outre la fin des hostilités pour une période de quinze jours renouvelables, la convocation d’une Assemblée nationale, chargée de décider de la poursuite de la guerre ou de la paix. Les élections du 8 février envoient une forte proportion de monarchistes à l’Assemblée nationale. Tous les élus de Paris sont des républicains, souvent extrémistes. Le gouvernement de la République se réunit d’abord à Bordeaux, puis à Versailles, pour ne pas tomber sous les révoltes parisiennes comme cela a failli se produire pendant le Gouvernement de la Défense nationale (31 octobre notamment).

Depuis le 17 février, le gouvernement de la République est dirigé par Adolphe Thiers "chef du pouvoir exécutif" ; il cherche à conclure un traité de paix avec la Prusse. Les Parisiens, qui ont supporté un siège très dur, veulent protéger Paris des Prussiens et ouvrir une nouvelle ère politique et sociale[1]. Ils refusent de se laisser désarmer. C’est donc l’épreuve de force entre les royalistes, grands bourgeois et conservateurs provinciaux, tous favorables à une paix rapide avec l’Allemagne, retirés à Versailles et la population parisienne (essentiellement celle des quartiers de l’est parisien soumise aux très dures conditions salariales et sociales de l’époque et principale victime de la famine due au siège de Paris par les Allemands).

À Paris, la mixité sociale dans les quartiers, de règle depuis le Moyen Âge, a presque disparue avec les transformations urbanistiques du Second Empire. Les quartiers de l’ouest (VIIe, VIIIe, XVIe et XVIIe arrondissements) concentrent les plus riches des Parisiens (avec leur domesticité). Les quartiers centraux conservent encore des personnes aisées. Mais les classes populaires ont été regroupées à l’Est (XIe, XIIe, XIIIe, Xe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements). Les ouvriers sont très nombreux : 442 000 sur 1,8 million d’habitants selon le recensement de 1866. S’y ajoutent de très nombreux artisans (près de 70 000, la plupart travaillant seuls ou avec un unique ouvrier) et de très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des ouvriers. Ces classes populaires ont commencé à s’organiser. Le droit de grève qui a été accordé en 1864, a été très utilisé dans les dernières années du Second Empire. À l’occasion d’élections législatives de février 1864, des ouvriers publient le manifeste des Soixante, qui réclame la liberté du travail, l’accès au crédit et la solidarité. Depuis septembre 1864, il existe une Internationale ouvrière, qui a des représentants à Paris (en 1868, le gouvernement impérial dissout la section française de l’Internationale dont les membres ont participé à des manifestations républicaines). La loi sur la liberté de la presse de 1868, permet l’émergence publique de revendications économiques anti-capitalistes : la « nationalisation » des banques, des assurances, des mines, des chemins de fer (programme de Malon et Varlin pour les élections législatives de 1869)... Les blanquistes, qui prônent l’insurrection, se manifestent de plus en plus.

Il n’est donc pas étonnant que les classes populaires parisiennes craignent de se voir une nouvelle fois frustrées des bénéfices de « leur » révolution de septembre 1870 (renversement du Second empire). Déjà, après les journées révolutionnaires parisiennes de juillet 1830 et après celle de février 1848, et les élections de mai 1848, les classes aisées avaient confisqué le pouvoir politique à leur profit, en installant la Monarchie de juillet et le Second Empire. En 1871, les Parisiens sont méfiants envers l’assemblée nouvellement élue en février 1871, où les deux-tiers des députés sont des monarchistes de diverses tendances (ceux-ci militent d’ailleurs pour un rétablissement de la monarchie !) ou des bonapartistes. L’assemblée, méfiante du Paris populaire toujours prêt à s’enflammer, décide, le 10 mars, de siéger à Versailles (sous contrôle des Allemands et dans la ville qui est le symbole de la monarchie absolue !). L’assemblée mène une politique sociale qui va mettre en difficultés une partie des parisiens. Le 10 mars, elle décide la suppression du moratoire des effets de commerce, des loyers et des dettes, désormais ce sont trois termes qui deviennent exigibles. De nombreux ouvriers, artisans et commerçants se voient menacés dans leurs moyens de vivre (on estime à près de 150 000 les personnes ainsi menacées de faillite ou de poursuites judiciaires). De plus l’assemblée supprime la solde quotidienne de 1,50 franc des soldats de la Garde nationale, privant ainsi une partie des classes pauvres de Paris d’une source de revenus. Cette politique rappelle, aux plus vieux des Parisiens, celle menée au printemps 1848, par l’Assemblée dominée par le Parti de l’Ordre dont un des chefs était Thiers. Quand le gouvernement décide de désarmer les Parisiens ceux-ci se sentent directement menacés. Il s’agit de soustraire aux Parisiens les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre. Les Parisiens considèrent ces canons comme leur propriété. Ils se voient sans défense vis-à-vis d’éventuelles attaques des troupes gouvernementales (comme en juin 1848). Cependant les Parisiens disposent de près de 500 000 fusils. www.histoiredumonde.net

 Mon profil FB 

27/06/2012

Louison Chimel (Louison Chimel) Les échecs, les mots d'âme (rediffusion)


A.Chimel - Les echecs - Les maux d'âme - Sans... par Chimel_Louison

26/06/2012

Consommateurs pris au piège

25/06/2012

Critique de la raison progressiste

arton1984.jpg"Quelqu'un se risquera bien à écrire un jour, sur le modèle de l'opération kantienne, une Critique de la Raison progressiste exposant l'ensemble des formes a priori de sa sensibilité et des catégories de son entendement. On comprendra sans doute mieux, alors, comment ce sont les structures transcendantales de cette Raison qui lui interdisent a priori de construire un certain nombre d'énoncés. Par exemple, une proposition aussi simple que «dans ce domaine précis, les choses allaient mieux avant», est impossible à former, pour l'entendement progressiste, quel que soit le domaine de référence, précisément parce que son interdiction est d'origine transcendantale. C'est pourquoi un progressiste — et particulièrement un progressiste de gauche — est toujours saisi par la crainte et le tremblement, chaque fois que vient à s'immiscer en lui l'idée diabolique que sur tel ou tel point, la situation était peut-être meilleure à un stade moins avancé du développement capitaliste. La terreur qui l'envahit et le paralyse à ce moment précis est alors, comme chacun l'a déjà deviné, celle qui doit tenir l'être humain éternellement éloigné du péché des péchés : celui d'avoir eu, même malgré soi, une mauvaise pensée, c'est-à-dire une pensée réactionnaire." Jean-Claude Michéa, Orwell éducateur, pp. 84-85.

23/06/2012

Le désir. Partie 3 sur 3

3) Désir et modernité

- Le désir comme manque et dépassement de son manque : Sartre

Le désir est la conscience tout entière en tant qu’elle se dépasse perpétuellement vers des objets au-delà d’elle-même. Le désir représente l’inquiétude existentielle d’une conscience qui n’est jamais en repos. C’est pourquoi il fait corps avec cette in-quiétude (quies = le repos) qui nous meut, qui excite notre activité et nous projette perpétuellement hors de nous mêmes. Le désir est cette incomplétude qui voudrait bien être comblée, mais qui jamais n’y parviendra. Il est la transcendance même (transcendance : littéralement, ce qui traverse en élevant).
« Si le désir doit pouvoir être à soi-même désir, il faut qu’il soit la transcendance elle-même, c’est-à-dire qu’il soit par nature échappement à soi vers l’objet désiré. Le désir est manque d’être, il est hanté en son être le plus intime par l’être dont il est désir. Ainsi témoigne-t-il de l’existence du manque dans l’être de la réalité humaine ».
(Je vous accorde que cette phrase est claire comme du jus de boudin, mais venant d’un fan d’Heidegger, on peut supposer que Sartre a tout de même fait un effort intense de clarification de sa pensée...)

- Le désir comme affirmation de la vie : Spinoza

Désirer, ce n’est pas toujours l’expression d’un manque. Ainsi, pour Spinoza, désirer, c’est vouloir quelque chose parce que la vie nous intéresse. Ne rien vouloir au contraire, ne rien désirer, c’est la preuve que rien ne trouve grâce à nos yeux et que l’on est blasé. En ce sens, le fait d’être attiré par et de vouloir attirer à soi (un objet) peut être un élan positif témoignant d’un réel lien avec la vie. Ainsi, Spinoza a-t-il vu dans le désir un effort pour persévérer dans son être (il nomme cet effort coñatus)

- Le désir comme affirmation de l’esprit : Hegel

Le désir n’est pas seulement porteur de vie (Spinoza), il est porteur d’absolu. Il n’est rien de moins qu’une affirmation de l’esprit. En effet, le désir me met sur la voie de l’humanité. C’est par lui que la conscience aboutit au sentiment d’elle-même et que l’homme se pose véritablement en tant qu’homme. Le désir est manque, certes, mais il est aussi production : production de soi-même comme être autonome. Pour Hegel, l’homme accède à la conscience de soi par le désir.

CONCLUSION

Si le désir est entâché du manque et de la dépossession (je ne désire que ce que je n’ai pas), il est également créateur et producteur (je n’œuvre que pour obtenir ce que je désire). La philosophie classique, teintée de moralisme, a stigmatisé le désir comme aliénation, là où la philosophie "moderne" y a vu une réalisation de soi.

Sujets de réflexion

- Pourquoi le désir ne se ramène-t-il pas au besoin ?
- La libération du désir peut-elle constituer un idéal moral ?
- Le désir est-il seulement créateur d’illusion ?
- Doit-on satisfaire tous ses désirs ?
- Le désir n’est-il que l’expression d’un manque ?
- Pourquoi désirer l’impossible ?

vox-populi.net - Octobre 2004

22/06/2012

Le désir. Partie 2 sur 3

2) Le désir comme pulsion à maîtriser

Comme nous l’avons vu dans l’introduction, Epicure avait distingué trois sortes de désirs et ce dans le but de nous aider à atteindre la sagesse. Tout désir, en effet, n’est pas souhaitable. Si les désirs naturels sont nécessaires ( je dois boire si j’ai soif), les désirs naturels et non nécessaires sont à rassasier avec circonspection (si je goûte à un met délicat, je dois prendre garde à éviter l’excès). Quant aux désirs non naturels et non nécessaires, il convient de les oublier purement et simplement, car ils sont absurdes (à quoi rime en effet mon désir d’immortalité, puisque je suis mortel ? La mort de toute façon ne nous concerne en rien, car lorsque j’y pense, je suis vivant, et une fois mort, je ne pense plus ).
Avec cette hiérarchie des désirs, Epicure fonde une sagesse qui dénie à l’homme le luxe inutile de s’abandonner à de vains désirs, le débarrassant ainsi d’une éternelle frustration et lui permettant d’accéder au bonheur :
« La santé du corps et la tranquillité de l’âme, c’est là la perfection même de la vie heureuse » .
Cet état de plénitude, de perfection, de total accomplissement dans la sagesse se nomme Ataraxie. Le sage, pour les épicuriens comme d’ailleurs pour les stoïciens, connaît l’ataraxie quand il est sans passions. Etre sans passions implique que le sage vit en soi-même et par soi-même. Contrairement à l’homme violent, donc passionné, qui est hors de lui, le sage ne se laisse pas envahir par le monde extérieur :
« Ne demande pas que les choses arrivent comme tu le désires mais désire qu’elles arrivent comme elles arrivent et tu couleras des jours heureux ».
Epictète ( Le plus célèbre des stoïciens avec Sénèque et Marc Aurèle)
Ce sont donc les stoïciens qui vont le plus loin. En effet, il ne s’agit plus seulement de hiérarchiser ses désirs pour parvenir à l’ataraxie (Epicure) mais de se débarrasser, purement et simplement de l’imagination qui nous trompe, de telle sorte que quand les biens désirés sont présents, nous nous en détournons pour ne plus penser qu’à ceux que nous n’avons pas. Nous voyons ici que l’idée fondamentale de la pensée grecque, c’est que nous sommes toujours menacés d’être gouvernés par le désir et que la sagesse (comme le bonheur) consiste à s’en rendre maître.
Selon la pensée chrétienne, tous les désirs viennent du monde.
« Or, dit Jean, le monde passe et la concupiscence (ouh ! le vilain mot...) passe avec lui ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » .
Reprenant textuellement la Première Epître de Jean, Pascal écrit : « Tout ce qui est au monde est concupiscence de la chair ou concupiscence des yeux ou orgueil de la vie ; libido sentidi, libido sciendi, libido dominandi » (en clair et sans décodeur : désir de jouir, de savoir et de commander).
Mettant à part le domaine de la foi, Descartes, dans sa morale par provision (Discours de la méthode, 3° partie) reprend la doctrine stoïcienne :
« Tâcher plutôt à se vaincre que la fortune et changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde » .
Bref, « faisant de nécessité vertu » , ne désirer que les choses possibles, qui sont à notre portée. Pas vraiment révolutionnaire comme conception, et même infiniment classique dans tous les sens du terme, mais heureusement, la pensée moderne va nous offrir une vision un peu plus positive du désir. Se pourrait-il qu’il ne soit pas qu’un mal absolu ? Chic, chic... vox-populi.net - Octobre 2004

21/06/2012

Au sujet de l'éventuelle dépression de Ségolène Royal

647px-ChessSet.jpgS'habituer aux échecs ?
Il faut être fou, dit le roi !

Louison-Antoine

 Mon profil FB 

20/06/2012

Le désir. Partie 1 sur 3

ico_haut.pngLe désir est de nature ambiguë. Tour à tour, il est manque (Platon, Sartre), ou production (Hegel). Il est à la fois un creux au cœur de l’homme et une création authentique. Si le désir est un manque perpétuel car il n’est jamais totalement satisfait, il est aussi le mouvement par lequel on peut accroître les perfections de son être.
NB : Il convient de distinguer le désir , tension vers un objet que j’imagine source de satisfaction, de la volonté , mouvement par lequel j’organise rationnellement des moyens en vue d’une fin.
Il convient également de distinguer le désir du besoin , manque fondamentalement matériel, alors que le désir peut être de nature spirituelle.
Ainsi, Epicure (341-270 av. J.C.) [1] dans la lignée de la tradition grecque (Platon, Aristote) avait distingué 3 sortes de désirs, qu’il avait hiérarchisés :
- Les désirs nécessaires et naturels (manger, boire...)
- Les désirs non nécessaires mais naturels (savourer des mets exquis...)
- Les désirs non nécessaires et non naturels (le désir d’immortalité...)

1) Le désir comme manque et pauvreté : le mythe platonicien de la naissance d’Eros

C’est dans Le Banquet que Platon fonde sa théorie du désir, qui longtemps influencera notre conception occidentale. Le désir y est en effet présenté comme manque essentiel (c’est à dire que le désir est manque par essence), pénurie et pauvreté ; aux antipodes de la plénitude, il est au contraire incomplétude et détresse.
Dans Le Banquet, Platon développe un mythe afin de justifier sa position. Ce mythe est celui de la naissance d’Eros (l’Amour, qui est également l’incarnation du Désir), dont le père était Poros, l’Abondance, et la mère Pénia, la Pénurie. Héréditairement marqué, Eros oscille ainsi sans cesse entre la Pauvreté et la richesse. Il est un entre-deux, un mixte. Mais, bien souvent, il crie misère et est en détresse, éternel gueux que la misère ne lâche jamais.
« Etant le fils de Poros et de Pénia, l’Amour en a reçu certains caractères en partage. D’abord, il est toujours pauvre et, loin d’être délicat et beau comme on l’imagine généralement, il est dur, sec, sans souliers, sans domicile ; sans avoir jamais d’autre lit que la terre, sans couverture, il dort en plein air, près des portes et dans les rues ; il tient de sa mère, et l’indigence est son éternelle compagne. D’un autre côté, suivant le naturel de son père, il est toujours sur la piste de ce qui est beau et bon (...) »

Si Platon ne peut s’empêcher de lui reconnaître certaines vertus créatrices et de nombreux talents, le Désir demeure, chez Platon, fondamentalement manque d’Etre : ainsi,

"Il est brave, résolu, ardent, excellent chasseur, artisan de ruses toujours nouvelles, amateur de science, plein de ressources, passant sa vie à philosopher, habile sorcier, magicien et sophiste. Il n’est par nature ni immortel ni mortel" (sa mère étant mortelle et son père immortel) "Mais dans la même journée, tantôt il est florissant et plein de vie, tant qu’il est dans l’abondance, tantôt il meurt (...). Ce qu’il acquiert lui échappe sans cesse, de sorte qu’il n’est jamais ni dans l’indigence ni dans l’opulence". vox-populi.net - Octobre 2004

 Mon profil FB 

19/06/2012

Le pourquoi de la dette. Par Karl Marx

220px-Karl_Marx_001.jpg« La fraction de la bourgeoisie qui dominait et légiférait avait un intérêt direct à voir l’État s’endetter. Le déficit était l’objet propre de la spéculation, la source principale d’enrichissement.

Au bout de quatre ou cinq ans, on faisait un nouvel emprunt.

Chaque nouvel emprunt fournis­sait à l’aristocratie financière une occasion nouvelle de duper l’État, artificiellement maintenu sous la menace d’une banque­route. Il devenait nécessaire de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables.

Chaque nouvel emprunt per­mettait en outre de piller le public, qui place ses capitaux en rentes sur l’État et de le dépouiller par des opérations de Bourse dont le secret était abandonné au gouvernement et à la majorité ».

Karl Marx, La lutte des classes en France, de février à juin 1848.

18/06/2012

Hugo Pratt sur Corto Maltese

Un Miracle de laïcité ?

001.jpgLorsqu'en pareil lieu, l'athée se prend d'une évocation spirituelle qu'il juge émancipée ...

N'est-ce pas là un Miracle auquel j'ai assisté dans cette clairière ?

Tel le prêtre acceptant l'impie qui a froid, moi le sans foi en mal de spiritualité je me suis vu accueillir par un édifice catholique autorisant le vagabondage de mon esprit en dehors des dogmes.

Il y a véritablement une laïcité apaisée qu'il convient de perpétuellement préserver ...

http://perambulons.blogspot.fr - 9 Juin 2012

17/06/2012

Les communistes grecs et la crise

SANT03_119-voyages-grece.jpgLe Parti communiste de Grèce (KKE) ne dit pas à la population : « Votez pour nous, nous formerons un gouvernement et cela va changer ».
Pour lui, le système capitaliste européen se trouve en fin de cycle et ne peut objectivement apporter de solutions à sa crise.
En conséquence, il n'est pas envisageable que le parti puisse participer à un gouvernement de gestion d'un système qui n'a plus rien à offrir.

GOUVERNEMENT ET POUVOIR REEL

Le KKE explique à la population que s'il pouvait la prémunir des conséquences de la crise en participant à un gouvernement, il le ferait et qu'il serait prêt à prendre des risques politiques.
Mais c'est impossible car sa présence dans une coalition gouvernementale l'enfermerait dans une contradiction insurmontable. D'une part, le parti lancerait des mots d'ordre répondant aux intérêts de la population, d'autre part, il serait amené à négocier des mesures de régression sociale.
Ceux qui prétendent former des gouvernements progressistes de gauche ou de centre-gauche et entamer des négociations avec l'Union européenne sans remettre en cause cette institution seront obligatoirement condamnés à accepter la gestion du capitalisme et de sa crise.
C’est pour cela que le KKE a mis en avant comme proposition politique le mot d'ordre : « Désengagement de l'Union européenne, avec le pouvoir populaire et l'annulation unilatérale de la dette ».

GAUCHE-DROITE OU CLASSES SOCIALES ?

Pour le KKE, les concepts de gauche et de droite ne correspondent plus à la réalité politique d'aujourd'hui alors que le qualificatif de « gauche »  peut s'appliquer à des partis qui imposent des politiques économiques et sociales contre les intérêts des travailleurs ou conduisent des guerres impérialistes.
Un parti communiste n'est pas seulement un « parti de gauche » mais un parti qui se bat pour le renversement du capitalisme et la construction de la nouvelle société socialiste - communiste.
L'Histoire a montré que les luttes pour « corriger » le système capitaliste, pour  atténuer ses effets les plus néfastes, n'ont  - jamais et nulle part - conduit au renversement du capitalisme.
Elles ont, au contraire, contribué à son renforcement en créant des illusions parmi les travailleurs, en laissant croire que le capitalisme pouvait être humanisé.
Il en est ainsi, aujourd’hui, avec cette allégation que la Banque centrale européenne pourrait être transformée d'un outil du capitalisme en une organisation caritative accordant des prêts sans intérêts ou que l'Union européenne pourrait être transformée d'une institution qui sert le capital en une « union des peuples ».
Aux concepts de gauche et de droite, le KKE oppose l'identification des forces sociales en présence.
Lui-même se positionne sur une ligne de défense des intérêts de classe des travailleurs et d’une grande partie des paysans, ce qui le conduit à s’adresser en priorité à eux, même s’ils votent pour la Nouvelle démocratie (droite) ou pour le PASOK (social-démocratie).

POUR UN POUVOIR OUVRIER ET POPULAIRE

Il n'y aura pas de sortie de crise dans les intérêts du peuple tant que tout restera à l'identique, tant que l'on restera dans le cadre du système actuel. Un gouvernement issu des élections qui changerait tout par des lois votés au parlement, cela est impossible.
Pour le KKE, la seule solution est de renverser le système et d’instaurer un « pouvoir ouvrier et populaire ».
Il a conscience que cela ne se fera pas en un soir ni en une seule offensive mais qu’il est indispensable dès maintenant que, dans chaque bataille, les travailleurs concrétisent des avancées même partielles s’inscrivant dans cet objectif.

UN PARTI DE MASSE

La ligne de lutte des classes du KKE est partagée par la confédération syndicale PAME qui regroupe huit fédérations de travailleurs de l'industrie, treize centrales régionales, des centaines de syndicats primaires et sectoriels, avec un total de 850.000 membres.
La ligne de lutte des classes est élégalement celle d’autres organisations de masse où des membres du KKE militent et exercent des responsabilités : PASEVE (artisans et petits commerçants), PASY (petits agriculteurs), OGE (femmes) et MAS (étudiants).
Cette réalité rend justice au KKE des qualificatifs malveillants qui lui ont été accolés par certains en France : « isolement », « sectarisme », « dogmatisme », etc.
Cette campagne de diffamation avait un but dont Le Monde diplomatique a très bien rendu compte : « L'objectif inavoué et l'espoir de tous les Grecs à gauche est de dissoudre le Parti communiste et de le refonder sur des nouvelles bases ».
Autrement dit, faire que le KKE devienne, comme nombre de partis communistes d’Europe, un « alibi communiste » de la social-démocratie dans la gestion du système capitaliste.

http://lepetitblanquiste.hautetfort.com - 14 Juin 2012

16/06/2012

Sur les Casse-bonbons. Partie 2 sur 2

603679264.gif(Les Casse-bonbons, c'est le nom de la troupe de théâtre grenoblo-lyonnaise dont je fais partie.)

C'est quand le Casse-bonbons s'en prend aux nounours qu'il se dit qu'il en faut peu pour être heureux...

Je suis un Casse-bonbon si drôle que je suis convaincu que, quand il m'entend, le sucre rit.

Parmi les Casse-bonbons, il y a des gens de toute taille. C'est pourquoi, quand une méchante fraise tagada prévient ses copines qu'ils arrivent, elle leur dit : "Fraises tagada, voilà les Dalton !" Louison-Antoine

 Mon profil FB 

15/06/2012

L'appel d'Eric Cantona à boycotter Israel

eric_cantona_reference.jpg« Nous sommes choqués de voir que certains politiciens et institutions sportives qui se sont inquiétés de la tenue de l’Euro en Ukraine, en raison des violations des droits de l’homme, se taisent quand Israël est censé accueillir la coupe européenne de foot des moins de 21 ans en 2013.

Le racisme, les violations des droits de l’homme et du droit international sont monnaie courante dans ce pays. Le gouvernement israélien laisse ainsi sa population attaquer les immigrés africains, qu’ils qualifient « d’infiltrés » et veulent emprisonner dans des camps militaires.

Il y a dans les prisons israéliennes plus de 4000 prisonniers politiques palestiniens, dont plus de 300 « détenus administratifs », incarcérés sans procès ni accusations.
Parmi ces derniers, le footballeur de Gaza, Mahmoud Sarsak, 25 ans, emprisonné depuis près de 3 ans. Désespéré, il s’est mis en grève de la faim il y a plus de 80 jours et il est à l’agonie.
Nous appelons à le soutenir, ainsi que toutes les victimes des exactions israéliennes.
Il est temps de mettre un terme à l’impunité israélienne et d’exiger de cet Etat le respect des mêmes lois que les autres pays. »

Eric Cantona, acteur et ancien footballeur - Noam Chomsky, Professor MIT, USA - John Dugard, Former Special Rapporteur of UN on Palestine, South Africa - Trevor Griffiths, écrivain, UK - Paul Laverty, scénariste, UK - Ken Loach, réalisateur, UK - Michael Mansfield, QC, UK - Miriam Margolyes OBE, Acteur, UK - John Pilger, Journaliste, auteur, réalisateur, Australia - Ahdaf Soueif, écrivain, UK

 Mon profil FB 

14/06/2012

Sur les Casse-bonbons. Partie 1 sur 2

603679264.gif(Les Casse-bonbons, c'est le nom de la troupe de théâtre grenoblo-lyonnaise dont je fais partie.)

Tout Casse-bonbon qui se respecte clame : "Haribo, c'est pas beau la vie !"

Si un Casse-bonbon casse les bonbons d'un autre Casse-bonbons,
qu'il ne se tracasse pas, c'est normal !

Le Casse-bonbon est un guerrier très courageux ! En effet, comment, en général,
casser un bonbon ? Prenez par exemple la fraise tagada, c'est tout mou !
Louison-Antoine

 Mon profil FB 

12/06/2012

Narcisse et Vulcain, le Sport. Par Chimel Clouscard

frivole.jpgNarcisse et Vulcain

Les deux grandes figures mythologiques que sont Narcisse et Vulcain permettent de figurer la dualité constitutive de l’humain et les fondamentaux de l’économie : Narcisse, figure de l’amour de la beauté de son image et de son plaisir, figure de la consommation. Vulcain, dieu de la forge et du travail, figure de la production. La consommation et la production sont les deux pôles de l’économie politique du libéralisme : le frivole et le sérieux.

Narcisse et Vulcain figurent le partage originel de l’homme. A moi le plaire, à toi le faire. C’est le cogito de l’être social : je suis mon image et/ou je suis ce que je fais. Contradiction originelle qui sera le fondement de la lutte des classes : d’un côté le pouvoir narcissique, de l’autre l’éthique de la praxis.

Une refondation progressiste doit établir le droit au bonheur sur la relation dialectique de Narcisse et de Vulcain qui sont les créateurs du corps, de sa dualité constitutive, deux démarches conquérantes. Vulcain fait du corps un outil, Narcisse en fait une image. Pour Narcisse, le corps est le moyen de séduire, pour Vulcain, le moyen du travail. La constitution d’une éthique de la praxis nécessite de mettre à jour les causes et les raisons anthropologiques et économiques de cette dualité. Le sport est le lieu de synthèse de ces deux principes anthropologiques.

Le Sport

La haine et le mépris du sport caractérisent le libéralisme libertaire. C’est que les tenants du sport ne peuvent opposer à la statue de Praxitèle, le plus grand sculpteur de l’Antiquité, que la toile blanche de « Machin ». L’esthétisme mondain est inexistant face au sport qui est l’esthétique de la praxis. Le corps du sportif n’est-il pas aussi le corps du « sujet transcendantal », ou sujet de la connaissance ? Pour apprendre et connaître, ne faut-il pas tenir à distance l’esthétisme de Narcisse – le corps pour séduire – et savoir se distancier du corps-outil ? Chimel Clouscard

 Mon profil FB 

10/06/2012

Mais si, les hommes font le ménage aussi

menage-01.jpg"Je pense donc j'essuie" : propos d'une femme
de ménage en harmonie avec elle-même.
Louison-Antoine

 Lien vers mon profil FB 

Le socialisme contre la gauche


Le socialisme contre la gauche éléments n°142 par solidariste

09/06/2012

Chèque en bois

cheque-en-bois.jpgLes chèques en bois ?
Le menuisier aime ça.
Ça lui fait de la matière première... Louison-Antoine

 Lien vers mon profil FB 

07/06/2012

La règle d’or revisitée. Partie 2 sur 2

la-regle-d-or.jpgOlivier Du Roy, La Règle d’or, éditions du Cerf, 2009

En Inde aussi on retrouve, dans le brahmanisme, sous ses formes positive et négative, les énoncés de la règle d’or, dans l’immense épopée du Mahâbhârata (composée entre les IVe et IIIe siècles avant et les IIIe et IVe après Jésus-Christ). De même dans les sermons du Bouddha : « J’aime la vie et je ne veux pas mourir. J’aime la joie et je répugne à la douleur. Si je suis privé de la vie par quelqu’un, c’est un fait qui n’est ni agréable, ni plaisant pour moi. Si moi je prive quelqu’un d’autre de sa vie, ce sera un fait ni agréable ni plaisant pour lui. Car il ne veut pas qu’on le tue, il aime la joie et répugne à la douleur. Ainsi un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi doit être ni plaisant ni agréable pour quelqu’un d’autre. Donc un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi, comment puis-je l’infliger à quelqu’un d’autre ? » ; Également dans le jaïnisme, un beau texte est cité, dont le leitmotiv est : « Comme si c’était fait à toi ».

Il serait trop long d’énumérer toutes les aires géographiques dans lesquelles la règle d’or manifeste sa présence, enracinée dans les cultures. Mais j’en ai assez dit pour qu’on se questionne sur les raisons de ce déploiement spatiotemporel d’une maxime qui, qu’elle ait été formulée de manière lapidaire ou prolixe, a été et reste toujours pertinente. L’auteur y répond amplement dans la troisième partie. La règle d’or, dans ses deux formes positive et négative, témoigne de la loi naturelle : aptitude ‘insérée’ dans la constitution de tout être humain, elle en est le principe fondamental. Cette conception, exposée dès le IIe ou début du IIIe siècle de notre ère par Origène dans son Commentaire de l’épître aux Romains de saint Paul, initie une doctrine qui sera largement suivie par la tradition chrétienne pendant toute la période patristique, en Orient comme en Occident. À ce propos, Olivier Du Roy cite un très beau texte de Jean Chrysostome (IVe, Constantinople) qui nous annonce, nous dit-il, déjà bien avant Kant, ‘l’autonomie de la loi morale’ en l’homme, et un non moins talentueux sermon d’Augustin, à lire absolument. La doctrine de la loi naturelle persistera pendant tout le Moyen-Âge ; elle sera reprise, au XVIe, par les grands réformateurs ; Luther lui donne un rôle prépondérant dans sa prédication. Au XVIIe la règle d’or a ses partisans, les uns insistant sur le rôle de la compassion, les autres mettant en avant la raison et le sens du devoir. Au XVIIIe, Kant lui fera beaucoup de tort en la traitant de ‘triviale’, mais avec le développement de la phénoménologie et des études anthropologiques et philosophiques sur l’empathie au XIXe et XXe – la plupart des auteurs modernes s’intéressant directement ou indirectement à la question sont cités – elle sera reconnue comme loi naturelle sur laquelle se fonde la vie interpersonnelle et sociale des communautés humaines. C’est une aventure passionnante que nous rapporte Olivier Du Roy, pleine de péripéties et qui témoigne que, bien plus qu’une simple maxime, la règle d’or, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autre comme un moi à part entière, non seulement nous inspire la civilité, la sollicitude et l’équité dans nos jugements et comportements et développe en nous le sens de la responsabilité, mais réussit aussi à inhiber nos impulsions agressives, en nous encourageant à nous identifier à l’autre. e-ostadelahi.fr - Avril 2010

 Lien vers mon profil FB 

05/06/2012

La règle d’or revisitée. Partie 1 sur 2

la-regle-d-or.jpgOlivier Du Roy, La Règle d’or, éditions du Cerf, 2009

La règle d’or, une maxime négligée, surtout dans le monde francophone : l’intention d’Olivier Du Roy est de la revivifier en rappelant ses origines et sa présence partout où religion et culture sont attestées, c’est-à-dire depuis le Ve siècle avant notre ère. Avec une ardeur contenue et beaucoup d’érudition, il passe en revue les diverses interprétations de la maxime, les louanges et critiques dont elle a été l’objet à travers les siècles et l’ampleur qu’elle a prise à travers le monde ; son objectif est de nous en faire découvrir le mécanisme intime qui explicite sa portée morale et justifie son universalité.

« La règle d’or [...] prescrit de sortir de soi pour traiter l’autre comme un moi, aussi important pour lui-même que je le suis pour moi ». Dès l’introduction, l’auteur précise la fonction de cette maxime séculaire qui s’énonce, dans sa formulation positive : agis envers les autres comme tu veux qu’ils agissent envers toi, et dans sa formulation négative : ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent. Il s’agit, dit-il, de réversibilité et non de réciprocité, comme cela a été souvent interprété.

Dans une première partie, très bien renseignée, il démonte les diverses modulations et altérations de l’énoncé de la maxime, qui varie selon les époques et les utilisateurs. Il identifie le ressort fondamental – souvent implicite – qui permet à la maxime de fonctionner : l’inversion des rôles, et repère deux grands types de formulations : celles « qui partent d’un désir ou d’une crainte du sujet » et celles « qui se fondent sur un jugement de valeur ».

Les premières, qu’elles soient positives ou négatives, obéissent à la règle d’empathie. Il s’agit de saisir, par intuition cognitive émotionnelle, ce que ressent ou ressentirait l’autre en nous appuyant sur ce que nous désirons ou craignons nous-mêmes. Ce sont les formulations les plus anciennes et les plus répandues. Dans leur forme négative, particulièrement, elles rendent explicites et ce faisant, humanisent les interdits du Décalogue : ne fais pas à autrui (ne tue pas, ne vole pas etc.) ce que tu ne voudrais pas qu’autrui te fasse (qu’il te tue ou te vole etc.) ; la soumission à l’interdit passe par la médiation de l’identification à l’autre ; me mettant à sa place, je ressens ce qu’il ressentirait si j’agissais de manière malveillante envers lui.

Les formulations qui se fondent sur un jugement de valeur obéissent, nous dit l’auteur, à la règle d’équité. Ce que tu condamnes chez les autres, ne le commets pas toi-même ; cela équivaudrait, en quelque sorte, à avoir deux poids deux mesures. C’est un point de vue qui fait plus grand cas du raisonnement. Dans cette optique plus complexe, se mettre à la place de l’autre, c’est travailler sur l’impartialité : savoir prendre de la distance par rapport à soi, prévoir les conséquences de son comportement, mais aussi prendre en compte le contexte social, psychologique etc. dans lequel se situe l’autre.

Plusieurs pages sont consacrées à un relevé systématique des méprises qui ont été faites sur le sens de la règle d’or au cours des siècles. Le premier texte que nous cite Olivier Du Roy date du début du XVIe siècle. Wolfgang Musculus, grand prédicateur réformé, admoneste ses ouailles, de manière directe et saisissante, sur les déformations qu’ils font subir à la formule évangélique selon laquelle nous devons faire du bien aux autres comme nous souhaitons qu’on nous fasse du bien, et rétablit en regard, la vraie signification des paroles du Christ. Le deuxième texte, rédigé par Benjamin Camfield en 1671, est une mise en garde contre les contrefaçons que la règle d’or a suscitées ; Olivier Du Roy en organise le contenu sous forme de tableau, auquel il ajoute une liste explicative très utile des différents contresens relevés, suivis chacun d’une mise au point du vrai sens de la maxime.

Au cours du temps, il a donc fallu éviter certains écueils. Par exemple, le risque pour la règle d’or d’être confondue avec la loi du Talion. L’action d’autrui à mon égard ne doit en aucun cas influencer mon comportement. « Ce que je voudrais qu’autrui fasse pour moi n’est pas le motif de ce que je dois faire pour lui. Car je ne le fais pas pour qu’il me le fasse, ni parce qu’il me l’a fait, mais parce que comme moi, comme autre moi, il peut désirer ou craindre que je le lui fasse ». Le risque aussi de se projeter dans l’autre et de lui prêter mes désirs et mes craintes, ou encore d’assimiler la maxime à une règle de prudence : suivons la règle pour être traité de la même manière, ou à une recherche de paix sociale contractuelle, à la Hobbes ou à la Hume. Aussi des corrections ont-elles été proposées, principalement par les théologiens et les philosophes. Des mots ont été ajoutés : Augustin, par exemple, délimite le champ de tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent en ajoutant ‘de bon’ – et modifie ce faisant la maxime évangélique en expliquant que pour soi, on ne peut vouloir que du bien. D’aucuns proposeront d’ajouter la notion de raison, d’autres celle de devoir ; parmi les modernes, il y a ceux qui recherchent une logique implacable, tel notre contemporain Harry Gensler : « Faire A à X est incompatible (ne peut être combiné) avec le fait de ne pas consentir à l’idée que A te fasse la même chose dans une situation exactement semblable = ne fais aux autres que ce que tu acceptes qu’ils te fassent dans la même situation ».

La deuxième partie est consacrée à la découverte de l’universalité, dans le temps et dans l’espace, de la règle d’or. Cette découverte, nous explique l’auteur, s’est faite progressivement au cours des quatre derniers siècles. C’est particulièrement grâce à Benjamin Camfield – auteur anglais du XVIIe siècle qui écrivit le premier traité consacré à la règle d’or, dans lequel il apporte toutes les références à cette règle trouvées chez les auteurs grecs et latins – que la prise de conscience va commencer à se faire. Dans cette liste on trouve chez les grecs Homère, Aristote, etc. Epictète, Sénèque, Horace et d’autres, chez les latins. Tous finalement de tradition occidentale. Mais quelle ne fut pas la sidération de tous nos penseurs, théologiens, philosophes ou autres, lorsqu’ils prirent connaissance, via les missionnaires, de l’oeuvre de Confucius. Ainsi ce docte païen, ayant vécu entre le sixième et le cinquième siècle avant Jésus-Christ, exhorte ses disciples à pratiquer le ren (vertu d’humanité) en ces termes : « Pratiquer le ren, c’est commencer par soi-même : vouloir établir les autres autant qu’on veut s’établir soi-même, et souhaiter leur réussite autant qu’on souhaite la sienne propre… ». e-ostadelahi.fr - Avril 2010

 Lien vers mon profil FB 

04/06/2012

L'absurde, par Albert Camus

70048_albert_camus_img.jpgL'absurde naît du rejet du suicide et du maintien de cette confrontation désespérée
entre l'interrogation humaine et le silence du monde.

 Lien vers mon profil FB