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07/06/2012

La règle d’or revisitée. Partie 2 sur 2

la-regle-d-or.jpgOlivier Du Roy, La Règle d’or, éditions du Cerf, 2009

En Inde aussi on retrouve, dans le brahmanisme, sous ses formes positive et négative, les énoncés de la règle d’or, dans l’immense épopée du Mahâbhârata (composée entre les IVe et IIIe siècles avant et les IIIe et IVe après Jésus-Christ). De même dans les sermons du Bouddha : « J’aime la vie et je ne veux pas mourir. J’aime la joie et je répugne à la douleur. Si je suis privé de la vie par quelqu’un, c’est un fait qui n’est ni agréable, ni plaisant pour moi. Si moi je prive quelqu’un d’autre de sa vie, ce sera un fait ni agréable ni plaisant pour lui. Car il ne veut pas qu’on le tue, il aime la joie et répugne à la douleur. Ainsi un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi doit être ni plaisant ni agréable pour quelqu’un d’autre. Donc un fait qui n’est ni agréable ni plaisant pour moi, comment puis-je l’infliger à quelqu’un d’autre ? » ; Également dans le jaïnisme, un beau texte est cité, dont le leitmotiv est : « Comme si c’était fait à toi ».

Il serait trop long d’énumérer toutes les aires géographiques dans lesquelles la règle d’or manifeste sa présence, enracinée dans les cultures. Mais j’en ai assez dit pour qu’on se questionne sur les raisons de ce déploiement spatiotemporel d’une maxime qui, qu’elle ait été formulée de manière lapidaire ou prolixe, a été et reste toujours pertinente. L’auteur y répond amplement dans la troisième partie. La règle d’or, dans ses deux formes positive et négative, témoigne de la loi naturelle : aptitude ‘insérée’ dans la constitution de tout être humain, elle en est le principe fondamental. Cette conception, exposée dès le IIe ou début du IIIe siècle de notre ère par Origène dans son Commentaire de l’épître aux Romains de saint Paul, initie une doctrine qui sera largement suivie par la tradition chrétienne pendant toute la période patristique, en Orient comme en Occident. À ce propos, Olivier Du Roy cite un très beau texte de Jean Chrysostome (IVe, Constantinople) qui nous annonce, nous dit-il, déjà bien avant Kant, ‘l’autonomie de la loi morale’ en l’homme, et un non moins talentueux sermon d’Augustin, à lire absolument. La doctrine de la loi naturelle persistera pendant tout le Moyen-Âge ; elle sera reprise, au XVIe, par les grands réformateurs ; Luther lui donne un rôle prépondérant dans sa prédication. Au XVIIe la règle d’or a ses partisans, les uns insistant sur le rôle de la compassion, les autres mettant en avant la raison et le sens du devoir. Au XVIIIe, Kant lui fera beaucoup de tort en la traitant de ‘triviale’, mais avec le développement de la phénoménologie et des études anthropologiques et philosophiques sur l’empathie au XIXe et XXe – la plupart des auteurs modernes s’intéressant directement ou indirectement à la question sont cités – elle sera reconnue comme loi naturelle sur laquelle se fonde la vie interpersonnelle et sociale des communautés humaines. C’est une aventure passionnante que nous rapporte Olivier Du Roy, pleine de péripéties et qui témoigne que, bien plus qu’une simple maxime, la règle d’or, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autre comme un moi à part entière, non seulement nous inspire la civilité, la sollicitude et l’équité dans nos jugements et comportements et développe en nous le sens de la responsabilité, mais réussit aussi à inhiber nos impulsions agressives, en nous encourageant à nous identifier à l’autre. e-ostadelahi.fr - Avril 2010

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