17/06/2012
Les communistes grecs et la crise
Le Parti communiste de Grèce (KKE) ne dit pas à la population : « Votez pour nous, nous formerons un gouvernement et cela va changer ».
Pour lui, le système capitaliste européen se trouve en fin de cycle et ne peut objectivement apporter de solutions à sa crise.
En conséquence, il n'est pas envisageable que le parti puisse participer à un gouvernement de gestion d'un système qui n'a plus rien à offrir.
GOUVERNEMENT ET POUVOIR REEL
Le KKE explique à la population que s'il pouvait la prémunir des conséquences de la crise en participant à un gouvernement, il le ferait et qu'il serait prêt à prendre des risques politiques.
Mais c'est impossible car sa présence dans une coalition gouvernementale l'enfermerait dans une contradiction insurmontable. D'une part, le parti lancerait des mots d'ordre répondant aux intérêts de la population, d'autre part, il serait amené à négocier des mesures de régression sociale.
Ceux qui prétendent former des gouvernements progressistes de gauche ou de centre-gauche et entamer des négociations avec l'Union européenne sans remettre en cause cette institution seront obligatoirement condamnés à accepter la gestion du capitalisme et de sa crise.
C’est pour cela que le KKE a mis en avant comme proposition politique le mot d'ordre : « Désengagement de l'Union européenne, avec le pouvoir populaire et l'annulation unilatérale de la dette ».
GAUCHE-DROITE OU CLASSES SOCIALES ?
Pour le KKE, les concepts de gauche et de droite ne correspondent plus à la réalité politique d'aujourd'hui alors que le qualificatif de « gauche » peut s'appliquer à des partis qui imposent des politiques économiques et sociales contre les intérêts des travailleurs ou conduisent des guerres impérialistes.
Un parti communiste n'est pas seulement un « parti de gauche » mais un parti qui se bat pour le renversement du capitalisme et la construction de la nouvelle société socialiste - communiste.
L'Histoire a montré que les luttes pour « corriger » le système capitaliste, pour atténuer ses effets les plus néfastes, n'ont - jamais et nulle part - conduit au renversement du capitalisme.
Elles ont, au contraire, contribué à son renforcement en créant des illusions parmi les travailleurs, en laissant croire que le capitalisme pouvait être humanisé.
Il en est ainsi, aujourd’hui, avec cette allégation que la Banque centrale européenne pourrait être transformée d'un outil du capitalisme en une organisation caritative accordant des prêts sans intérêts ou que l'Union européenne pourrait être transformée d'une institution qui sert le capital en une « union des peuples ».
Aux concepts de gauche et de droite, le KKE oppose l'identification des forces sociales en présence.
Lui-même se positionne sur une ligne de défense des intérêts de classe des travailleurs et d’une grande partie des paysans, ce qui le conduit à s’adresser en priorité à eux, même s’ils votent pour la Nouvelle démocratie (droite) ou pour le PASOK (social-démocratie).
POUR UN POUVOIR OUVRIER ET POPULAIRE
Il n'y aura pas de sortie de crise dans les intérêts du peuple tant que tout restera à l'identique, tant que l'on restera dans le cadre du système actuel. Un gouvernement issu des élections qui changerait tout par des lois votés au parlement, cela est impossible.
Pour le KKE, la seule solution est de renverser le système et d’instaurer un « pouvoir ouvrier et populaire ».
Il a conscience que cela ne se fera pas en un soir ni en une seule offensive mais qu’il est indispensable dès maintenant que, dans chaque bataille, les travailleurs concrétisent des avancées même partielles s’inscrivant dans cet objectif.
UN PARTI DE MASSE
La ligne de lutte des classes du KKE est partagée par la confédération syndicale PAME qui regroupe huit fédérations de travailleurs de l'industrie, treize centrales régionales, des centaines de syndicats primaires et sectoriels, avec un total de 850.000 membres.
La ligne de lutte des classes est élégalement celle d’autres organisations de masse où des membres du KKE militent et exercent des responsabilités : PASEVE (artisans et petits commerçants), PASY (petits agriculteurs), OGE (femmes) et MAS (étudiants).
Cette réalité rend justice au KKE des qualificatifs malveillants qui lui ont été accolés par certains en France : « isolement », « sectarisme », « dogmatisme », etc.
Cette campagne de diffamation avait un but dont Le Monde diplomatique a très bien rendu compte : « L'objectif inavoué et l'espoir de tous les Grecs à gauche est de dissoudre le Parti communiste et de le refonder sur des nouvelles bases ».
Autrement dit, faire que le KKE devienne, comme nombre de partis communistes d’Europe, un « alibi communiste » de la social-démocratie dans la gestion du système capitaliste.
http://lepetitblanquiste.hautetfort.com - 14 Juin 2012
11:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.