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11/08/2016

Briser le lien consommateur - producteur, l'un des objectifs du mondialisme

Piscine-2_accueil.jpg« Les délocalisations enrichissent les riches des pays pauvres au détriment des pauvres des pays riches et des pays pauvres. » (James Goldsmith, homme d’affaires franco-britannique, 1933-97)
« Faisons en sorte […] que le marché africain soit le marché des Africains : produire en Afrique, transformer en Afrique, et consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin, et consommons ce que nous produisons, au lieu d’importer. » (Ex-trait du discours à Abdis-Abeba, le 29 Juillet 1987, du chef de la révolution burkinabé Thomas Sankara qui lui a peut-être valu la mort)

Il peut sembler contradictoire, illogique, de considérer que l'oligarchie capitaliste mondiale veuille à la fois appauvrir les peuples et faire de leurs constituants de simples consommateurs individualistes. Car comment consommer si nous n'avons plus d'argent ?
C'est là que l'aspect purement économique du mondialisme entre particulièrement en compte : il s'agit de se servir de la mondialisation des techniques de transport et de communication pour favoriser au maximum la délocalisation non seulement de la production mais aussi de la consommation (*). De cette façon, l'objet produit « ici » doit pouvoir être acheté par une personne située à l'autre bout de la planète, et inversement. Nous ne sommes plus à l'époque du célèbre industriel Henry Ford qui disait : « Je paie mes salariés pour qu’ils achètent mes voitures. » Le consommateur, dans un territoire donné, n'est plus le producteur de ce même territoire. La violence sociale est mondialisée. La solidarité de classe, qui naturellement se fait d'abord avec nos proches issus de la même classe sociale, doit être atomisée également. Par exemple, le néo-prolétaire français doit pouvoir rentrer chez lui et acheter un bien sur Internet fabriqué par des étrangers exploités dans leur propre pays.
L'aspect culturel du mondialisme sert aussi cette logique. Car il faut créer des désirs d'achats concernant des biens issus de culture étrangère afin de s'assurer de la mondialisation des transactions. Tout enracinement, tout attachement à la proximité, doit être anéanti. Notamment l'enracinement moral et l'attachement familial et amical, afin que le travailleur du nouveau siècle, nomade de la modernité, ne soit pas trop affecté par son départ pour aller gagner sa graine à l’autre bout de la Terre éventuellement, quittant ainsi ses parents, ses amis et même ses enfants. Phénomène économique, social et culturel inédit dans l’histoire et humainement dévastateur.
En opposition radicale à cette mondialisation, de la production et de la consommation, orchestrée par la classe supérieure internationale, l’anarchisme conservateur incarne alors l’autochtonie autogestionnaire.

(*) Le mythe insidieux de la croissance
Les citations sont ici tirées de l’entrevue de Jean-Claude Michéa (juillet 2008) pour la revue À contretemps. La croissance – relative à l’augmentation de la production sur le long terme et érigée en mythe par l’oligarchie libérale – cherche en permanence à justifier les phénomènes de délocalisation ; mythe ayant bien sûr, « dans le cas du commerce des armes » (« machines de mort […] destinées à tuer, de préférence, des civils innocents »), « des effets dont le caractère indécent saute immédiatement aux yeux. Mais la logique est exactement la même qu’il s’agisse d’avions Rafale livrés à une « dictature amie » ou de jeux vidéos destinés à nos adolescents. Dans tous les cas, la survie des unités de combat engagées dans la terrible guerre économique mondiale dépend uniquement de leur capacité à produire à un prix toujours plus bas les différents produits qui pourraient se vendre à l’autre bout du monde ; que ces produits n’aient strictement aucune valeur d’usage, qu’ils s’avèrent nuisibles à la santé physique des individus ou même qu’ils soient de nature à détruire leurs capacités intellectuelles ou morales ».
En outre, les catastrophes naturelles (exemple : tsunami) ou matérielles (exemple : voitures brûlées par centaines comme chaque soir de la Saint-Sylvestre depuis plusieurs années en France) sont « bonnes pour la croissance » dès lors qu’elles « feront marcher le commerce », en l’occurrence du logement et de l’automobile.
Aussi, nous comprendrons facilement que, si un nombre relativement important de familles dans le monde était en mesure de se construire une piscine privée, ce serait également « bon pour la croissance » mais, à un moment donné, inconcevable sur le plan écologique. Plus globalement, nous ne pouvons pas exploiter de manière illimitée les ressources de notre planète non pas pour des raisons éthiques – que nous pouvons tout-à-fait légitimement avancer, sauf que là n’est pas le propos – mais pour la simple et bonne raison que celles-ci sont limitées. « Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas. » (Tatanka Yotanka alias Sitting Bull, célèbre guerrier sioux)
Il faut, dès lors, savoir remettre en cause la conception du bonheur à travers l’accumulation matérielle illimitée. Épuiser les ressources, malmener l’environnement – avec ses conséquences néfastes (pollution) –, le mythe de la croissance implique aussi des inégalités sociales toujours plus importantes. Il ne peut qu’arranger certains groupes d’individus au détriment de la condition d’autres individus ( 8.2. Les orwelliens ou la gauche conservatrice).
Ne pas oublier non plus un autre mythe – propre à l’histoire européenne –, celui de l’euro, qui dépouille des États européens – l’utilisant comme monnaie nationale – de leur souveraineté monétaire et ne permet pas la dévaluation dans un pays donné, selon notamment le coût de production nationale. Les responsables d’entreprises – de taille non conséquentes obligatoirement – sont donc, au moins inconsciemment, encouragés à délocaliser dans le but d’obtenir de la main d’œuvre « moins chère » dans d’autres continents. Louison Chimel