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22/06/2012

Le désir. Partie 2 sur 3

2) Le désir comme pulsion à maîtriser

Comme nous l’avons vu dans l’introduction, Epicure avait distingué trois sortes de désirs et ce dans le but de nous aider à atteindre la sagesse. Tout désir, en effet, n’est pas souhaitable. Si les désirs naturels sont nécessaires ( je dois boire si j’ai soif), les désirs naturels et non nécessaires sont à rassasier avec circonspection (si je goûte à un met délicat, je dois prendre garde à éviter l’excès). Quant aux désirs non naturels et non nécessaires, il convient de les oublier purement et simplement, car ils sont absurdes (à quoi rime en effet mon désir d’immortalité, puisque je suis mortel ? La mort de toute façon ne nous concerne en rien, car lorsque j’y pense, je suis vivant, et une fois mort, je ne pense plus ).
Avec cette hiérarchie des désirs, Epicure fonde une sagesse qui dénie à l’homme le luxe inutile de s’abandonner à de vains désirs, le débarrassant ainsi d’une éternelle frustration et lui permettant d’accéder au bonheur :
« La santé du corps et la tranquillité de l’âme, c’est là la perfection même de la vie heureuse » .
Cet état de plénitude, de perfection, de total accomplissement dans la sagesse se nomme Ataraxie. Le sage, pour les épicuriens comme d’ailleurs pour les stoïciens, connaît l’ataraxie quand il est sans passions. Etre sans passions implique que le sage vit en soi-même et par soi-même. Contrairement à l’homme violent, donc passionné, qui est hors de lui, le sage ne se laisse pas envahir par le monde extérieur :
« Ne demande pas que les choses arrivent comme tu le désires mais désire qu’elles arrivent comme elles arrivent et tu couleras des jours heureux ».
Epictète ( Le plus célèbre des stoïciens avec Sénèque et Marc Aurèle)
Ce sont donc les stoïciens qui vont le plus loin. En effet, il ne s’agit plus seulement de hiérarchiser ses désirs pour parvenir à l’ataraxie (Epicure) mais de se débarrasser, purement et simplement de l’imagination qui nous trompe, de telle sorte que quand les biens désirés sont présents, nous nous en détournons pour ne plus penser qu’à ceux que nous n’avons pas. Nous voyons ici que l’idée fondamentale de la pensée grecque, c’est que nous sommes toujours menacés d’être gouvernés par le désir et que la sagesse (comme le bonheur) consiste à s’en rendre maître.
Selon la pensée chrétienne, tous les désirs viennent du monde.
« Or, dit Jean, le monde passe et la concupiscence (ouh ! le vilain mot...) passe avec lui ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » .
Reprenant textuellement la Première Epître de Jean, Pascal écrit : « Tout ce qui est au monde est concupiscence de la chair ou concupiscence des yeux ou orgueil de la vie ; libido sentidi, libido sciendi, libido dominandi » (en clair et sans décodeur : désir de jouir, de savoir et de commander).
Mettant à part le domaine de la foi, Descartes, dans sa morale par provision (Discours de la méthode, 3° partie) reprend la doctrine stoïcienne :
« Tâcher plutôt à se vaincre que la fortune et changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde » .
Bref, « faisant de nécessité vertu » , ne désirer que les choses possibles, qui sont à notre portée. Pas vraiment révolutionnaire comme conception, et même infiniment classique dans tous les sens du terme, mais heureusement, la pensée moderne va nous offrir une vision un peu plus positive du désir. Se pourrait-il qu’il ne soit pas qu’un mal absolu ? Chic, chic... vox-populi.net - Octobre 2004

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