04/07/2012
La Commune de Paris (1871) Partie 5
La Commune à l'oeuvre (suite)
La plupart des professionnels de la justice ayant disparu, il faut pourvoir à tous les postes (il n’y a plus que deux notaires en activité dans Paris). Il y a beaucoup de projets mais faute de temps peu seront mis en application. Les enfants légitimés sont considérés comme reconnus de droit. Le mariage libre par consentement mutuel est décidé (16 ans pour les femmes, 18 ans pour les hommes) ; les actes notariaux (donation, testament, contrat de mariage) sont gratuits. Pour tempérer l’activité répressive de Rigault (à la Sûreté générale) il est décidé une sorte d’habeas corpus : les suspects arrêtés par le Comité central de la Garde nationale ou la Sûreté, doivent avoir une instruction immédiate de leur affaire (8 avril) ; les perquisitions et les réquisitions sans mandat sont interdites (14 avril) ; il est obligatoire d’inscrire le motif de l’arrestation sur les registres d’écrous (18 avril) ; une inspection des prisons est créée (23 avril).
Dans l’enseignement, le personnel de l’administration centrale est réfugié à Versailles, les écoles privées congréganistes, nombreuses car favorisées par la loi Falloux de 1850, sont vidées de leurs élèves (plus de la moitié environ des 160 000 enfants parisiens scolarisés dans le primaire) depuis le décret du 2 avril "séparant l’Église de l’État". Les professeurs du secondaire et du supérieur, assez peu favorables à la Commune, ont déserté lycées et facultés. Édouard Vaillant, chargé de ce secteur, prévoit une réforme qui vise à l’uniformisation de la formation primaire et professionnelle. Deux écoles professionnelles (une de garçons et une de filles) sont ouvertes. L’enseignement est laïcisé : l’enseignement confessionnel est interdit, les signes religieux chrétiens sont enlevés des salles de classe. Une commission exclusivement composée de femmes est formée le 21 mai pour réfléchir sur l’enseignement des filles. Quelques municipalités d’arrondissement, celle du XXe en particulier, qui ont alors la responsabilité financière de l’enseignement primaire, rendent l’école gratuite et laïque. Notons que le personnel enseignant, qui est à la charge des municipalités, reçoit une rémunération de 1 500 francs annuels pour les aide-instituteurs et 2 000 pour les directeurs, avec égalité de traitement entre les hommes et les femmes.
Dans le domaine des cultes, la Commune rompt avec le Concordat de 1802 qui faisait du catholicisme "la religion de la majorité des Français" et des curés et évêques des fonctionnaires. À la fin de l’Empire, les classes populaires parisiennes sont assez hostiles au catholicisme, très lié au régime impérial et aux conservateurs. L’anticléricalisme a été revigoré par la propagande blanquiste, très athée, et par l’attitude du pape Pie IX face à l’unification de l’Italie. Le 2 avril, la Commune décrète la séparation de l’Église (catholique) et de l’État, la suppression du budget des cultes, la sécularisation des biens des congrégations religieuses. Les religieux des couvents de Picpus, des Dames Blanches et d’Arcueil sont inquiétés ou arrêtés sous divers prétextes. Les églises de Saint-Laurent et de Notre-Dame des Victoires sont perquisitionnées. L’archevêque de Paris, Georges Darboy, est arrêté comme otage le 2 avril. La demande d’échange avec Auguste Blanqui, détenu par le gouvernement Thiers, est repoussée le 12 avril puis le 14 mai par Adolphe Thiers.
Gouvernement de Versailles contre Commune de Paris
Une grande partie de l’action de la Commune fut de lutter contre l’offensive menée par les troupes du gouvernement de Thiers : les « Versaillais ».
Comme le prouve la correspondance télégraphique qu’il entretient avec Jules Favre qui négocie la paix avec les allemands, Thiers bénéficie de l’appui du chancelier allemand Bismarck. Il s’agit en effet de mettre au plus tôt fin aux hostilités entre la France et l’Allemagne, une des conditions étant le désarmement de Paris. Alors que la convention d’armistice n’autorise que 40 000 soldats français en région parisienne, Bismarck libère rapidement près de 60 000 prisonniers de guerre qui peuvent s’adjoindre aux 12 000 soldats dont dispose Thiers. Le 1er avril, Thiers avoue à l’Assemblée nationale qu’il met sur pieds « une des plus belles armées que la France ait possédée ». Les Versaillais seront 130 000 au début de la Semaine sanglante.Ces soldats d’une armée de métier (service de 7 ans) sont surtout issus du milieu paysan. Les conseils de révision écartent la plupart les jeunes gens des villes pour "déficience physique", en raison des conditions de travail que l’industrie de l’époque impose aux jeunes ouvriers, malgré la loi de 1841 sur le travail des enfants. Ils sont commandés par le vaincu de Sedan, le maréchal de Mac-Mahon. En « banlieue » nord et est de Paris, qu’ils contrôlent, les Allemands laissent passer les troupes versaillaises qui veulent contourner Paris. De plus les Allemands, par convention avec le gouvernement Thiers, occupent le Chemin de fer du Nord, établissent un barrage de troupes de la Marne à Montreuil et massent 80 canons et 5000 soldats près de la Porte et du fort de Vincennes (tenus par les Communards) bloquant ainsi la sortie par l’Est de la capitale.
Face à cette armée nombreuse, expérimentée et bien armée, la Commune dispose des hommes de la Garde nationale. Depuis la Restauration, tous les hommes de 25 à 50 ans pourvus de leurs droits politiques en font partie. Les armes sont fournies par l’Etat, mais l’habillement reste à la charge du garde. À Paris, le recrutement se fait par arrondissement. Dans les limites communales le service est gratuit, mais le garde reçoit une solde s’il sert au-delà. Sous le Second empire tous les hommes mariés de 25 à 50 ans sont enrôlés. Le 12 août 1870, le gouvernement réorganise 60 bataillons. Les quartiers bourgeois de Paris (l’ouest et le centre de la capitale) en fournissent plus des trois quarts. Début septembre le gouvernement de la Défense nationale en crée 60 autres, fin septembre il y a 254 bataillon ! Les nouvelles créations sont au trois quarts issues des quartiers populaires de l’Est parisien(Xe, XIe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements). On peut y voir l’influence du siège de Paris par les Allemands qui ranime la fibre patriotique des Parisiens, mais aussi l’espoir de toucher la solde, devenue le seul revenu des familles ouvrières touchées par le chômage consécutif au blocus de Paris par les Allemands. Le 5 avril la Commune décrète la mobilisation comme volontaires des jeunes gens de 17 à 19 ans et en service obligatoire des célibataires et hommes mariés de 19 à 40 ans. Ces hommes n’ont pratiquement pas d’expérience militaire et s’ils sont animés d’une ardeur républicaine sont assez réticents à la discipline et souffrent, malgré quelques exceptions remarquables (Dombrowski, Rossel), d’une insuffisance du commandement (les officiers sont élus plus sur leurs convictions que sur leurs capacités à diriger des soldats). En théorie la Commune dispose de près de 194 000 hommes de troupe, sous-officiers et officiers (nombre publié par le Journal officiel de la Commune le 6 mai).En fait les combattants sont moins nombreux. Les estimations vont de 10 000 (Camille Pelletan) à 41 500 (Cluseret, délégué à la Guerre, le 5 avril). On peut les estimer à 25-30 000 début avril et moitié moindre à la mi-mai. L’hémorragie peut s’expliquer par le fait que beaucoup d’inscrits ne le sont que pour la solde et restèrent spectateurs pendant les combats ; sans compter ceux qui périrent dans les opérations militaires contre les troupes versaillaises. www.histoiredumonde.net
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Commentaires
Merci pour l'article il est génial! :)
Bonne continuation pour ton blog!
Marie.
Écrit par : Assistante maternelle Poitiers | 04/07/2012
Merci ! N'hésite pas à revenir par ici. Un bonjour à la ville de Poitiers !
Anthony
Écrit par : Anthony | 05/07/2012
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