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30/11/2011

Ce que donne une chienne pas lavée

chien-2.jpg
Être haute en tiques : être une chienne pas lavée depuis des lustres
et qui sait se mettre sur deux pattes
.

Louison-Antoine

29/11/2011

Misère de la Kabylie, par Albert Camus

village_kabyle-19351.jpgAu début de 1939, la Kabylie souffrit cruellement de la famine. Envoyé en reportage par Alger républicain, Albert Camus publia des articles du 5 au 15 juin 1939. Voici un extrait de l’article du 6 juin, intitulé Le dénuement.

Par un petit matin, j’ai vu à Tizi-Ouzou des enfants en loques disputer à des chiens kabyles le contenu d’une poubelle. À mes questions, un Kabyle a répondu : "C’est tous les matins comme ça." Un autre habitant m’a expliqué que l’hiver, dans le village, les habitants, mal nourris et mal couverts, ont inventé une méthode pour trouver le sommeil. Ils se mettent en cercle autour d’un feu de bois et se déplacent de temps en temps pour éviter l’ankylose. Et la nuit durant, dans le gourbi misérable, une ronde rampante de corps couchés se déroule sans arrêt. Ceci n’est sans doute pas suffisant puisque le Code forestier empêche ces malheureux de prendre le bois où il se trouve et qu’il n’est pas rare qu’ils se voient saisir leur seule richesse, l’âne croûteux et décharné qui servit à transporter les fagots. Les choses, dans la région de Tizi-Ouzou, sont d’ailleurs allées si loin qu’il a fallu que l’initiative privée s’en mêlât. Tous les mercredis, le sous-préfet, à ses frais, donne un repas à 50 petits Kabyles et les nourrit de bouillon et de pain. Après quoi, ils peuvent attendre la distribution de grains qui a lieu au bout d’un mois. Les sœurs blanches et le pasteur Rolland contribuent aussi à ces œuvres de charité.

On me dira : "Ce sont des cas particuliers... C’est la crise, etc. Et, en tout cas, les chiffres ne veulent rien dire." J’avoue que je ne puis comprendre cette façon de voir. Les statistiques ne veulent rien dire et j’en suis bien d’accord, mais si je dis que l’habitant du village d’Azouza que je suis allé voir faisait partie d’une famille de dix enfants dont deux seulement ont survécu, il ne s’agit point de chiffres ou de démonstration, mais d’une vérité criante et révélatrice. Je n’ai pas besoin non plus de donner le nombre d’élèves qui, dans les écoles autour de Fort-National, s’évanouissent de faim. Il me suffit de savoir que cela s’est produit et que cela se produira si l’on ne se porte pas au secours de ces malheureux. Il me suffit de savoir qu’à l’école de Talam-Aïach les instituteurs, en odobre passé, ont vu arriver des élèves absolument nus et couverts de poux, qu’ils les ont habillés et passés à la tondeuse. Il me suffit de savoir qu’à Azouza, parmi les enfants qui ne quittent pas l’école à 11 heures parce que leur village est trop éloigné, un sur soixante environ mange de la galette et les autres déjeunent d’un oignon ou de quelques figues. Albert Camus

28/11/2011

Un cigarillo sous le libertango

12722615.jpgLa nuit, puisqu'elle est quasiment celle d'hiver, est tombée depuis quelques heures.
Il est bientôt celle d'aller rejoindre Morphée.
Elle est celle que j'ai choisie. Comme très souvent.
Mais avant, j'ai envie de fumer un cigarillo.
Je sors le petit cendrier d'argent. Je le pose sur mon bureau.
J'éclaire le cigarillo. Je ne pense à rien.
J'écoute, en même temps, le libertango.
767188-a-brown-cigarillo-isolated-on-white.jpgUne méditation s'installe entre cigarillo et libertango.
Libertango, quel joli nom... Le tango de la liberté.
C'est sous le signe de la liberté que j'aime que ma vie soit rythmée.
Et le tango invite à prendre le temps de vivre.
Prendre le temps de vivre libre, c'est confectionner son bonheur.
A cet instant, il est présent, entre cigarillo et libertango.
C'est ce dernier qui s'achève en premier.
Le bonheur ne s'échappe pas pour autant, la liberté ne bat pas en retraite.
C'est bien là l'essentiel. Même après la fin du cigarillo, même après avoir rejoint mon lit... Louison-Antoine

27/11/2011

Sans crème glacée !

coloriage-glace-1235311467.jpgSur mon genou toute la journée : crème, glace, crème, glace...
Et tout ça, sans crème glacée !

Louison-Antoine

26/11/2011

Les principes du yakuza

images?q=tbn:ANd9GcQNDKVr34ktIutO-Lv8MubH3uQM-NgskDdoBXN4pbg1FRYaaf6p98w3MaclCroyez-vous qu'un yakuza fautif espère l'égalité des hommes en doigts ?

Louison-Antoine

25/11/2011

Sur la christianophobie

croix-chretienne.png
Paraît qu'il existe la christianophobie...
Cela ne me concerne pas.
J'ai connu, dans ma vie, quelques Christiane.
Je n'en ai jamais eu peur.

Louison-Antoine

24/11/2011

Un... thé et ça repart

tea2.jpgJe donne une haute importance aux plaisirs des sens... A travers eux, il y a la liberté réelle, même dans le cas des libertés fondamentales bafouées... Alors je m'extasie - surtout intérieurement et sans aucun rapport à une drogue du même nom - pour des choses simples... Voilà une semaine que je n'avais pas bu un thé. Une semaine, ce n'est pas long et le thé que je bois n'a rien de fameux. Pourtant, j'ai relevé cet après-midi un plaisir particulier à boire à nouveau cette eau chaude parfumée. Le soleil, qui, cette année, est généreux, accompagnait cet instant savoureux. Je n'ai pas eu besoin de plus d'une semaine ni d'autre chose que d'un thé pour relever la mesure d'un de mes petits plaisirs... Si la liberté impose la vie, la liberté réelle impose le bonheur. Et même si la vie est dure, le bonheur peut se façonner, s'authentifier. Louison-Antoine

23/11/2011

Tata Mitterrand est décédée...

1761321953497.jpgTata Mitterrand : c'est rare de voir une femme qui physiquement ressemble autant à son mari.

Louison-Antoine

22/11/2011

Des nouvelles sans fumée

371054_1316031401_156066137_n.jpgHier soir, je me serais pris, car ça fait "longtemps", un bon cigarillo.
Puis, en raison de ma guimmobilisation, j'en avais assez de me relever marcher. Fallait aller chercher le cendrier...
Alors j'ai pris un Corto Maltese qui, dès la première page, a allumé un cigarillo pour moi, lui qui alors prend la pose pour un public qui n'existe pas. C'est sa liberté de se la jouer, lui l'anarque...
Je ne cherche pas à lui ressembler. Déjà, je portais la casquette de marin et fumais le cigare avant l'avoir connu...
En réalité, c'est lui qui me ressemble ! A mon tour de ma la jouer, trouvez-vous ?
Vous voyez, c'est bien ce que je dis : il me ressemble...

Louison-Antoine

19/11/2011

Eumeswil, le chef d’oeuvre d’Ernst Jünger

eumeswil.gifLe crédo de l’anarque est la liberté. Elle n’est pas dépendante d’une époque, d’un lieu, ou d’un régime politique, elle est sa propriété. Il n’ambitionne pas de changer le monde, d’améliorer la société, d’octroyer de force cette liberté à tous. Sa liberté est intérieure, c’est une philosophie de vie, presque une ascèse. C’est dans son rapport à l’anarchiste que la définition de l’anarque se laisse le plus facilement saisir. L’anarque au contraire de l’anarchiste n’est pas l’ennemi de l’autorité, il se l’approprie. Il ne désire pas détruire la société, il s’y insère, tout en la tenant à distance.

« L’anarque peut revêtir tous les déguisements. Il reste en n’importe quel endroit où il se trouve bien, mais si cela ne lui convient plus, il s’en va. Il peut, par exemple, travailler tranquillement derrière un guichet ou dans un bureau. Mais quand il le quitte le soir, il joue un tout autre rôle. Persuadé de sa propre indépendance intérieure, il peut même montrer une certaine bienveillance à l’égard du pouvoir en place. Il est comme Stirner, c’est un homme qui, à l’occasion, peut faire partie d’un groupe, entrer dans des liens de communauté avec une chose concrète; fort peu avec des idées. L’anarchiste est souvent idéaliste; lui, au contraire, est pragmatique. Il voit ce qui peut lui servir, à lui et au bien commun, mais il est fermé aux excès idéologiques. C’est en ce sens que je définis la position de l’anarque comme une attitude tout à fait naturelle. En premier lieu il y a l’homme, et son environnement vient ensuite. Telle est la position que je préfère actuellement. » – Julien Hervier, Entretiens avec Ernst Jünger

« Anarchique, chacun l’est : c’est justement ce qu’il y a de normal. Toutefois, dès son premier jour, son père et sa mère, l’Etat et la société lui trace des limites. Ce sont là des rognements, des mises en perce de l’énergie innée auxquels nul n’échappe. Il faut bien s’y résigner. Pourtant, le principe d’anarchie reste au fond, mystère dont le plus souvent son détenteur n’a pas la moindre idée. Il peut jaillir de lui sous forme de lave, peut le détruire ou le libérer.
Il s’agit ici de marquer les différences : l’amour est anarchique, le mariage non. Le guerrier est anarchique, le soldat non. L’homicide est anarchique, mais non l’assassinat. Le Christ est anarchique, Saint-Paul ne l’est pas. Comme cependant l’anarchie est la normale, elle existe aussi en Saint-Paul et explose parfois violemment en lui. Ce ne sont pas là des antithèses mais des degrés. L’histoire mondiale est mue par l’anarchie. En un mot : l’homme libre est anarchique, l’anarchiste ne l’est pas.

« A Eumeswil, d’une manière générale, on est tolérant par principe ; il y a toute une foule de choses qui ne sont pas permises, mais sans être interdites, et avec elles une zone de pénombre, en marge de la légalité, qui s’harmonise à l’atmosphère rêveuse d’une taverne. »

Le recours aux forêts, thème central, c’est la porte de sortie que se ménage l’anarque. Le refuge qu’il prend soin de dénicher, d’aménager à ses besoins, avant que la situation ne l’exige. C’est une sécurité, sa paix de l’esprit. Ce qui lui permettra, le moment venu, de se mettre au vert quelques temps, avant que l’atmosphère ne redevienne respirable. Tel la souris rousse qui vit à l’écart des habitations, il disparait de la circulation. L’anarque refuse bien entendu, de reconnaître la loi qui restreint sa souveraineté, mais il retarde le plus possible son passage dans l’illégalité. Il n’est pas comme le criminel qui cherche à l’enfreindre, ou le partisan qui veut la modifier, il n’est ni pour ni contre. Il modèle sur elle sa conduite par opportunisme.

Extrait de l'article de http://ilikeyourstyle.net sur Eumeswill

17/11/2011

Un peu de repos s'impose

Salut à tous,
Alors mes textes récités, ça vous plaît ? J'ai fait exprès de faire un enchaînement de vidéos à ce propos.
Je comptais vous écrire cette semaine. Mais ce n'était pas pour vous signaler que je me suis fait, depuis, une entorse du genou. Par conséquent ces prochains jours, je posterai un peu moins céans.
Aussi, mes livres sont toujours disponibles. Mais les commandes mettront un peu plus de temps à être traitées.

Louison-Antoine

15/11/2011

Louison Chimel (Louison Chimel) La belle hait la bête, Les droits et les devoirs


A.Chimel - La belle hait la bete - Les droits et... par Chimel_Louison

14/11/2011

Louison Chimel (Louison Chimel) J'aime le boudin, Ne pas déchanter


A.Chimel - J'aime le boudin - Ne pas déchanter par Chimel_Louison

13/11/2011

Louison Chimel (Louison Chimel) J'aime la Grèce


A.Chimel - J'aime la Grèce par Chimel_Louison

12/11/2011

Louison Chimel (Louison Chimel) A fond la caisse, Chienne et chatte


A.Chimel - A fond la caisse - Chienne et chatte par Chimel_Louison

11/11/2011

Louison Chimel (Louison Chimel) Les échecs, les mots d'âme


A.Chimel - Les echecs - Les maux d'âme - Sans... par Chimel_Louison

10/11/2011

Un handi capé (en deux mots s'il vous plaît)

0je30wrs.gif
Il existe un handi capé célèbre. C'est Albator !

En effet, il est borgne et porte une cape.

Louison-Antoine

09/11/2011

Pour ou contre ? (rediffusion)

Piet-Mondrian-Opposition-Of-Lines--Red-And-Yellow-11040.jpgDans la vie, c'est toujours mieux d'être pour quelque chose
que contre quelque chose.


Moi par exemple, je suis pour toute opposition.

Louison-Antoine

(ci contre : Opposition Of Lines: Red And Yellow par Piet Mondrian)

07/11/2011

Peut-on rire de tout et avec tout le monde ? Pierre Desproges

desproges.gifPremièrement, peut-on rire de tout ?
Deuxièmement, peut-on rire avec tout le monde ?

À la première question, je répondrai oui sans hésiter, et je répondrai même oui, sans les avoir consultés, pour mes coreligionnaires en subversions radiophoniques, Luis Rego et Claude Villers.
S'il est vrai que l'humour est la politesse du désespoir, s'il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s'il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors, oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère et de la mort. [...]

Deuxième question : peut-on rire avec tout le monde ?

C'est dur… Personnellement, il m'arrive de renâcler à l'idée d'inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C'est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d'un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d'un terroriste hystérique, je pouffe à peine et, la présence, à mes côtés, d'un militant d'extrême droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie dont je déplore en passant, mesdames et messieurs les jurés, de vous imposer quotidiennement la présence inopportune au-dessus de la robe austère de la justice sous laquelle je ne vous raconte pas.

Pierre Desproges - Tribunal des flagrants délires - 1982

06/11/2011

Qui connait Candy ?

candy-stick-icon.pngMoi j'avais une copine qui s'appelait Candy Raton.
Elle avait toujours peur de l'avis des autres...

Louison-Antoine

04/11/2011

10 questions à Daniel Colson. Partie 1 sur 2

Mon cinquième invité est Daniel Colson, sociologue, enseignant à l’Université de Saint-Étienne et membre du Modys, laboratoire de recherche au CNRS associé à l'Université de Saint-Étienne et à l'Université de Lyon II (anciennement laboratoire CRESAL UMR5043). Il est spécialiste de la pensée et de la philosophie anarchiste.

Valéry Rasplus : Au niveau des définitions et des principes, existe-t-il pour vous une distinction entre anarchisme et libertaire ?

Daniel Colson : Le « pour vous » de votre question est important. Par son projet et ce qui le constitue, l’anarchisme ne possède ni pape, ni comité central, ni porte-parole et il autorise tout le monde à parler en son nom. Il ne s’agit donc ici que d’un des multiples points de vue possibles, très souvent contradictoires mais constitutifs d’un projet fondé sur le concept d’anarchie.
Dans ses usages courants la distinction entre anarchisme et libertaire remplit un grand nombre de fonctions. Au plus près des milieux plus spécifiquement militants, elle sert souvent à différencier un noyau dur du projet libertaire (« les anarchistes » et leurs organisations), et de l’autre côté des mouvements, des milieux, des attitudes ou des convictions pouvant d’une façon ou d’une autre se rattacher à ce qu’il est convenu d’appeler l’anarchisme, depuis les mouvements collectifs et révolutionnaires les plus larges jusqu’aux traits de caractère et aux interactions les plus immédiates et les plus minuscules.
Pour moi il n’y a pas à distinguer les deux mots sinon peut-être pour dire que l’anarchisme c’est l’ensemble des réalités et des forces que l’on qualifie par ailleurs de libertaires, dès lors que ces forces, vastes ou minuscules, s’associent de proche en proche, prennent conscience des effets de cette association, suscitent d’autres forces analogues et s’agencent de telle façon qu’elles puissent prétendre à une transformation radicale du monde où nous vivons.
Les différences internes dans l’emploi de ces deux mots, pour l’un comme pour l’autre, ne porte que sur l’intensité ou sur la radicalité subversive des réalités dont ils sont alors l’expression. De ce point de vue, une position ou une qualité d’anarchiste nettement estampillée et organisée ne possède aucune supériorité sur des pratiques ou des mouvements pouvant être qualifiés de « libertaire » en raison de leurs aspirations (la liberté), de leurs modes d’action (révolte, action directe, refus des « représentants » et du jeu de la représentation), de leurs modes d’organisation (autonomie, auto-organisation,  fédéralisme et libre associations de forces libres). C’est même parfois l’inverse, comme le montre l’histoire mouvementée des différentes expérimentations de l’anarchisme ouvrier ou, plus récemment, le renouveau des idées libertaires depuis le dernier quart du siècle précédent.

Valéry Rasplus : Quel est l'état actuel des recherches sur l'anarchisme dans le milieu académique français ?

Daniel Colson : Longtemps ignoré et méprisé, l’anarchisme commence à avoir une certaine existence dans les milieux académiques mais d’autant plus visible qu’elle était absolument impensable il y a encore peu de temps. C’est surtout vrai en Amérique du sud et du nord. Cette existence bien que réelle et nouvelle, est beaucoup plus réduite en France et ceci en raison de la longue et ancienne hégémonie du marxisme. La présence, même modeste, de l’anarchisme dans les sphères de la recherche et de l’université, tient en partie à des mouvements internes de la pensée actuelle, sur le terrain de la philosophie par exemple avec l’importance d’auteurs comme Deleuze ou Foucault, ou celui de la sociologie avec la redécouverte du pragmatisme et les développement des courants issus de l’ethnométhodologie.
Mais cette apparition (très relative) de l’anarchisme dans le monde académique n’est pas forcément une bonne chose du point de vue anarchiste. Les instances académiques et universitaires, par leur rôle général dans la société, mais aussi et surtout par leurs modes de fonctionnement sont partie prenante d’un ordre social auquel l’anarchisme répugne profondément et avec lequel il prétend rompre. D’où une grande tension, en particulier chez les jeunes chercheurs, entre leurs convictions, leur attirance personnelle pour l’anarchisme et la nécessité pour eux de passer par les procédures sélectives et débilitantes (d’un point de vue anarchiste) de la « carrière » universitaire.
Dans le cadre universitaire, l’anarchisme ne peut être qu’une source de tension et de scandale en lien direct avec toutes les formes actuelles de contestations; sauf à se transformer en une sorte de langue morte ou d’objet d’étude pour ces autres sortes de médecins légistes que sont les historiens et les sociologues. Mais même dans ce cas, et comme la « vie » dont parle Bakounine, l’anarchisme ne pourrait perdre sa puissance de subversion qu’en disparaissant complètement sous le scalpel des savants. En résumé on peut dire que l’anarchisme est inassimilable à l’ordre universitaire tel qu’il existe actuellement.

Valéry Rasplus : L'anthropologue David Graeber a envisagé d'établir une anthropologie anarchiste dans le champ universitaire. Pensez-vous que cela soit un projet viable et qu'il soit également possible de construire une sociologie anarchiste ?

Daniel Colson : David Greber a tout à fait raison de dire que l’anarchisme est aussi une anthropologie, comme beaucoup d’autres choses encore. Mais il s’agit alors d’une étrange anthropologie dont on voit mal comment elle pourrait « s’établir  dans le champ universitaire », sauf à le recomposer autrement à l’intérieur d’un rapport au monde où il n’est pas certain qu’il existe encore des institutions et des disciplines du type des universités et de l’anthropologie actuelles. J’ajouterais que l’anarchisme n’est pas seulement une conception de l’homme (anthropologie), mais aussi une vision et un projet pratique multiforme qui embrassent la totalité de ce qui est, et que l’on peut désigner du terme d’ontologie, au sens que les courants actuellement les plus novateurs de la sociologie donnent à ce nom. Pour cette ontologie anarchiste il s’agit bien de mettre à jour et de dire ce qui est, comme on dit (dans les langues indo-européennes). Mais « ce qui est » (pour l’anarchisme), c’est justement le devenir, le multiple, le singulier, le différent, l’accidentel, le contradictoire, le changement incessant, l’événement, les circonstances et les situations.
Le caractère ontologique de l’anarchisme permet ainsi de comprendre en quoi consiste sa radicalité et son caractère révolutionnaire. Radicalité et idée de révolution n’ont pas, dans l’anarchisme, ni d’abord, ni même principalement, la signification politique que ces mots ont pu prendre au cours des deux siècles précédents. La radicalité et le caractère révolutionnaire de l’anarchisme relèvent de la subversion au sens premier de ce mot : subvertir la totalité des rapports existants entre les êtres, des plus petits aux plus grands, décomposer les rapports de pouvoir et les recomposer autrement à l’intérieur d’un agencement d’ensemble que Proudhon qualifie d’ « anarchie positive » et Deleuze de « plan d’immanence » ou de « consistance ».

Valéry Rasplus : L'anarchisme est composé de plusieurs tendances, de multiples sensibilités. Si l'on classe souvent l'anarchisme « à gauche », on peut oublier qu'il existe aussi un anarchisme qui se réclame de « droite », des « libre penseurs conservateurs » pour reprendre une formule que m'a donné un jour le  juriste Dominique Sistach. Avez-vous eu à étudier cette forme d'anarchisme  ?

Daniel Colson : A ma connaissance il n’existe pas d’ « anarchisme » se réclamant de la « droite » au sens politique de ce mot. On retrouve ici, dans un cas de figure particulier, un phénomène comparable aux usages disséminés, discontinus et contradictoires du mot « libertaire » : la sélection d’un rapport au monde particulier, relevant ici non du social ou de la politique mais plutôt du « tempérament » ou du « caractère » et qui s’empare à son tour du mot « anarchiste » pour l’utiliser à ses propres fins. Que ces traits de caractère aient à voir avec l’anarchisme c’est indéniable selon moi, ne serait-ce qu’en raison du caractère spontané de son usage. Mais à condition de ne pas oublier le principe anarchiste (pratique et théorique) selon lequel toute chose change sans cesse de sens suivant l’agencement dans lequel elle est prise et suivant la sélection et la recomposition que tel ou tel agencement entraîne au sein de ses composantes. C’est pourquoi les traits de caractère ou de tempérament de l’anarchisme dit « de droite » ne manquent pas par ailleurs, y compris en raison de leur nature singulière, d’être pris dans des agencements ou des complexions plus larges n’ayant que très peu à voir avec l’anarchisme.
Je ne peux ici que reprendre la définition d’ « anarchisme de droite » de mon petit lexique philosophique de l’anarchisme. « Un mode d'être acariâtre et râleur qui, en étant conduit à sélectionner des forces réactives souvent virilistes et paranoïaques, risque sans cesse de donner naissance à des êtres à la digestion difficile, incapables de révolte, envahis par le ressentiment et dont le nihilisme se refuse à toute affirmation ». Mais même dans ce cas il ne faut pas complètement se décourager et puisque, dans certaines circonstances, il devient parfois possible de crier « la police avec nous ! » on peut toujours espérer, mais au prix de nombreuses transformations, qu’un anarchiste de droite puisse pleurer d’émotion et aller risquer sa vie sur une barricade ou dans un réseau de solidarité avec les sans-papiers.

Valéry Rasplus : Pouvez-vous nous donner quelques exemples de sociétés qui se sont inspirés de l'anarchisme pour le mettre en application et le développer ?

Daniel Colson : En prétendant substituer l’Etat à la bourgeoisie, le communisme d’inspiration marxiste a pu faire croire quelques temps à l’illusion d’un « socialisme » dit « réel » mais qui, dans la réalité justement, et comme véritable socialisme, n’est jamais parvenu à s’établir où que ce soit. Expression la plus émancipatrice du projet socialiste, l’anarchisme n’a donc jamais connu de réalisations conséquentes et durables, si ce n’est le « bref été de l’anarchie » dont parle Enzenberger à propos de la révolution espagnole ou encore les quelques mois des débuts de la révolution libertaire en Ukraine, avant que les violences et les contraintes de la guerre civile ne mettent un terme dans l’un et l’autre cas à tout espoir de voir naître une société libertaire. Le faible bilan des réalisations libertaires, dans un contexte qui souligne leur fragilité, ne constitue pas pour autant un désaveu ou la confirmation du caractère utopique du projet anarchiste. Étroitement lié par sa naissance et la courte durée de son histoire aux expériences des mouvements ouvriers, l’anarchisme déborde infiniment leur singularité et l’espoir un peu fou, pendant quelques décennies, de créer rapidement une société sans classes et sans domination. Parce qu’il touche tous les aspects des choses, au plus intime de ce qui les constitue, l’anarchisme n’ignore rien des difficultés que rencontre son projet. Mais c’est justement en raison de l’ampleur et des détails infinis de ses ambitions, au cœur même de la vie et des interactions les plus immédiates, que l’anarchisme peut à la fois associer étroitement l’avenir aux luttes et aux mouvements présents et rendre ainsi possible une transformation d’ensemble qui n’aurait plus le caractère improvisé des anciennes révolutions ouvrières.
En d’autres termes, l’anarchisme n’est pas une utopie politique et idéaliste dont la réalisation dépendrait d’une capacité non moins utopique (et catastrophique dans ses effets) à soumettre le monde et la réalité à ses idées et ses programmes. L’anarchisme est au contraire une conception éminemment réaliste du monde, comme l’exprime le concept d’anarchie et l’idée que ce qui est, bien loin d’obéir à un ordre divin ou raisonnable (la providence, le sens de l’histoire, la raison), est d’abord un chaos (l’anarchie) sans autre raison d’être que l’affrontement aveugle d’une multitude infinie de forces et d’entités se détruisant sans cesse dans un combat sans fin. C’est à partir de cette évaluation réaliste du monde et de sa nature anarchique, que le projet libertaire se propose par ses pratiques et ses logiques d’association, de transformer le chaos en ce que Proudhon appelle « l’anarchie positive » : la libre association de forces libres apprenant par leurs pratiques et le sens (pratique) qui les accompagne à construire des agencements communs et une raison commune capables de produire le maximum de puissances ou de vie et donc de libertés.
A travers des difficultés et des contradictions innombrables, y compris dans des contextes de violence particulièrement contraires à toute perspective libertaire, l’anarchisme, ouvrier, avec ses multiples expériences de par le monde, fournit de nombreux exemples non de « sociétés » anarchistes, mais de déploiement de logiques et de pratiques libertaires suffisamment larges, durables et radicales pour donner une idée de ce que l’anarchisme peut espérer produire dans l’avenir. A ces vastes mouvements du passé répondent, dans un tout autre contexte, des mouvements et des pratiques liés au renouveau actuel de l’anarchisme qui malgré leur caractère minoritaire, laissent également deviner par leur richesse et leur originalité de fonctionnement, ce pourquoi il vaut la peine de militer et de lutter.

03/11/2011

De la dernière pluie or not de la dernière pluie ?

feuille_iris_gouttelettes_pluie.jpgJe ne suis pas pas né de la dernière pluie. Quand bien même la dernière pluie date d'hier, je serais bien jeune. A propos de ceux qui sont nés de la dernière pluie : cherchez les populations d'enfants en bas âge, leurs pays sont les plus humides de la Terre. A contrario, dans les pays touchés par la sécheresse, résident les hommes les plus vieux. Sans accès à de l'eau potable, ils peuvent se résigner à boire de l'eau de pluie. Ce n'est pas pour essayer de rajeunir mais pour essayer de ne pas mourir de soif... Louison-Antoine

02/11/2011

Que la musique est bonne avec un anarchiste du futur : Albator !

01/11/2011

Sur l'impertinence

34619_1551224103299_1316031401_1468929_7088810_a.jpgL’impertinence percute par sa pertinence provocante.
Sinon elle n’est qu’impertinence incontinente…

Louison-Antoine