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30/12/2011

Ethique et morale. Partie 1 sur 3

Faut-il distinguer entre morale et éthique ? A vrai dire, rien dans l'étymologie ou dans l'histoire de l'emploi des mots ne l'impose : l'un vient du grec, l'autre du latin, et les deux renvoient à l'idée de moeurs (ethos, mores) ; on peut toutefois discerner une nuance, selon que l'on met l'accent sur ce qui est estimé bon ou sur ce qui s'impose comme obligatoire. C'est par convention que je réserverai le terme d' « éthique » pour la visée d'une vie accomplie sous le signe des actions estimées bonnes, et celui de « morale » pour le côté obligatoire, marqué par des normes, des obligations, des interdictions caractérisées à la fois par une exigence d'universalité et par un effet de contrainte. On reconnaîtra aisément dans la distinction entre visée de la vie bonne et obéissance aux normes l'opposition entre deux héritages : l'héritage aristotélicien, où l'éthique est caractérisée par sa perspective téléologique (de telos, signifiant « fin ») ; et un héritage kantien, où la morale est définie par le caractère d'obligation de la norme, donc par un point de vue déontologique (déontologique signifiant précisément « devoir »). Je me propose, sans souci d'orthodoxie aristotélicienne ou kantienne, de défendre :

1) la primauté de l'éthique sur la morale ;
2) la nécessité néanmoins pour la visée éthique de passer par le crible de la norme ;
3) la légitimité d'un recours de la norme à la visée, lorsque la norme conduit à des conflits pour lesquels il n'est pas d'autre issue qu'une sagesse pratique qui renvoie à ce qui, dans la visée éthique, est le plus attentif à la singularité des situations. Commençons donc par la visée éthique.

1) La visée éthique

Je définirai la visée éthique par les trois termes suivants : visée de la vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes. Les trois composantes de la définition sont également importantes.

Parlant d'abord de la vie bonne, j'aimerais souligner le mode grammatical de cette expression typiquement aristotélicienne. C'est encore celui de l'optatif et non déjà celui de l’impératif. C'est, au sens le plus fort du mot, un souhait : « Puissé-je, puisses-tu, puissions-nous vivre bien ! », et nous anticipons le remplissement de ce souhait dans une exclamation du type : « Heureux celui qui... ! » Si le mot « souhait » paraît trop faible, parlons - sans allégeance particulière à Heidegger- de « souci » : souci de soi, souci de l'autre, souci de l'institution.

Mais le souci de soi est-il un bon point de départ ? Ne vaudrait-il pas mieux partir du souci de l'autre ? Si j'insiste néanmoins sur cette première composante, c'est précisément pour souligner que le terme « soi », que j'aimerais associer à celui d' « estime » au plan éthique fondamental, réservant celui de « respect » pour le niveau moral, déontologique, de notre investigation, ne se confond aucunement avec le moi, donc avec une position égologique que la rencontre d'autrui viendrait nécessairement subvertir. Ce qui est fondamentalement estimable en soi-même, ce sont deux choses : d'abord la capacité de choisir pour des raisons, de préférer ceci à cela, bref, la capacité d’agir intentionnellement ; c'est ensuite la capacité d'introduire des changements dans le cours des choses, de commencer quelque chose dans le monde, bref, la capacité d'initiative. En ce sens, l'estime de soi est le moment réflexif de la praxis : c'est en appréciant nos actions que nous nous apprécions nous-mêmes comme en étant l'auteur, et donc comme étant autre chose que de simples forces de la nature ou de simples instruments. Il faudrait développer toute une théorie de l'action pour montrer comment l'estime de soi accompagne la hiérarchisation de nos actions.

Passons au deuxième moment : vivre bien avec et pour les autres. Comment la seconde composante de la visée éthique, que je désigne du beau nom de « sollicitude », enchaîne-t-elle avec la première ? L'estime de soi, par quoi nous avons commencé, ne porte-t-elle pas en elle, en raison de son caractère réflexif, la menace d'un repli sur le moi, d'une fermeture, au rebours de l'ouverture sur l'horizon de la vie bonne ? En dépit de ce péril certain, ma thèse est que la sollicitude ne s'ajoute pas du dehors à l'estime de soi, mais qu'elle en déplie la dimension dialogale implicite. Estime de soi et sollicitude ne peuvent se vivre et se penser l'une sans l'autre. Dire soi n'est pas dire moi. Soi implique l'autre que soi, afin que l'on puisse dire de quelqu'un qu'il s’estime soi-même comme un autre. A vrai dire, c'est par abstraction seulement qu'on a pu parler de l'estime de soi sans la mettre en couple avec une demande de réciprocité, selon un schéma d'estime croisée, que résume l'exclamation toi aussi : toi aussi tu es un être d'initiative et de choix, capable d'agir selon des raisons, de hiérarchiser tes buts ; et, en estimant bons les objets de ta poursuite, tu es capable de t'estimer toi-même. Autrui est ainsi celui qui peut dire je comme moi et, comme moi, se tenir pour un agent, auteur et responsable de ses actes. Sinon, aucune règle de réciprocité ne serait possible. Le miracle de la réciprocité, c'est que les personnes sont reconnues comme insubstituables l'une à l'autre dans l'échange même. Cette réciprocité des insubstituables est le secret de la sollicitude. La réciprocité n'est en apparence complète que dans l'amitié, où l'un estime l'autre autant que soi. Mais la réciprocité n'exclut pas une certaine inégalité, comme dans la soumission du disciple au maître ; l'inégalité toutefois est corrigée par la reconnaissance de la supériorité du maître, reconnaissance qui rétablit la réciprocité. Inversement, l'inégalité peut provenir de la faiblesse de l'autre, de sa souffrance. C'est alors la tâche de la compassion de rétablir la réciprocité, dans la mesure où, dans la compassion, celui qui paraît être seul à donner reçoit plus qu'il ne donne par la voie de la gratitude et de la reconnaissance. La sollicitude rétablit l'égalité là où elle n'est pas donnée, comme dans l'amitié entre égaux.

Vivre bien, avec et pour l'autre, dans des institutions justes. Que la visée du vivre-bien enveloppe de quelque manière le sens de la justice, cela est impliqué par la notion même de l'autre. L'autre est aussi l'autre que le tu. Corrélativement, la justice s'étend plus loin que le face-à-face. Deux assertions sont ici en jeu : selon la première, le vivre-bien ne se limite pas aux relations interpersonnelles, mais s'étend à la vie dans des institutions ; selon la seconde, la justice présente des traits éthiques qui ne sont pas contenus dans la sollicitude, à savoir pour l'essentiel une exigence d'égalité d'une autre sorte que celle de l'amitié.

Concernant le premier point, il faut entendre par « institution » à ce premier niveau d'investigation toutes les structures du vivre-ensemble d'une communauté historique, irréductibles aux relations interpersonnelles et pourtant reliées à elles en un sens remarquable que la notion de distribution - qu'on retrouve dans l'expression de « justice distributive » - permet d'éclairer.

On peut en effet comprendre une institution comme un système de partage, de répartition, portant sur des droits et des devoirs, des revenus et des patrimoines, des responsabilités et des pouvoirs ; bref, des avantages et des charges. C'est ce caractère distributif - au sens large du mot - qui pose un problème de justice. Une institution a en effet une amplitude plus vaste que le face-à-face de l'amitié ou de l'amour : dans l'institution, et à travers les processus de distribution, la visée éthique s'étend à tous ceux que le face-à-face laisse en dehors au titre de tiers. Ainsi se forme la catégorie du chacun, qui n'est pas du tout le on, mais le partenaire d'un système de distribution. La justice consiste précisément à attribuer à chacun sa part. Le chacun est le destinataire d'un partage juste.

On pourra s'étonner que nous parlions de la justice au plan éthique, où nous nous tenons encore, et pas exclusivement au plan moral, voire légal, que nous aborderons tout à l'heure. Une raison légitime cette inscription du juste dans la visée de la vie bonne et en rapport avec l'amitié pour autrui. D'abord l'origine quasi immémoriale de l’idée de justice, son émergence hors du moule mythique dans la tragédie grecque, la perpétuation de ses connotations religieuses jusque dans les sociétés sécularisées attestent que le sens de la justice ne s'épuise pas dans la construction des systèmes juridiques qu'il suscite. Ensuite, le sens de la justice est solidaire de celui de l'injuste, qui bien souvent le précède. C'est bien sur le mode de la plainte que nous pénétrons dans le champ de l'injuste et du juste : « C'est injuste ! » - telle est la première exclamation. On n'est pas étonné dès lors de trouver un traité de la justice dans les Ethiques d'Aristote, lequel suit en cela la trace de Platon. Son problème est de former l'idée d'une égalité proportionnelle qui maintienne les inévitables inégalités de la société dans le cadre de l'éthique : « à chacun en proportion de sa contribution, de son mérite », telle est la formule de la justice distributive, définie comme égalité proportionnelle. Il est certes inévitable que l'idée de justice s'engage dans les voies du formalisme par quoi nous caractériserons dans un moment la morale. Mais il était bon de s'arrêter à ce stade initial où la justice est encore une vertu sur la voie de la vie bonne et où le sens de l'injuste précède par sa lucidité les arguments des juristes et des politiques. Paul Ricoeur

29/12/2011

Remettons le Petit prince à sa place

27/12/2011

Des nouvelles d'entre-deux-fêtes

390711_2939086398989_1316031401_3211335_1366885430_n.jpgJe souhaitais vous écrire entre ces deux fêtes de fin d’année.
Je suis content car me voilà bien rétabli de ma fracture au genou.

Pour ceux qui me connaissent personnellement, ils savent que j’ai, de naissance, une maladie des articulations. La fracture n’avait aucun rapport avec elle mais moi et les médecins craignaient, à cause d’elle, des complications. Elles ont été évitées.

Je reviens au sujet de ce blog qui est mon amour de l’écriture et de la philosophie. En raison de ma convalescence, j’ai beaucoup écrit. J’ai poursuivi mon essai sur L’anarque, qui dépasse à présent les cent vingt pages. Je pense que j’y ai développé des sujets que je n’aurais point développés si je n’avais pas été contraint de rester chez moi.

Ces dix derniers jours, j’ai abordé les thèmes de l’histoire et de l’historien, la figure du rebelle à différencier de celle de l’anarchiste et de l’anarque. Je souligne aussi mes différences de point de vue avec Ernst Jünger qui dressa une figure du rebelle dès 1929 donc bien avant celle de « son » anarque.
J’aborde le cas du solipsiste à travers l’idée que peut avoir l’anarque de la réalité universelle.
Approfondissant également mon idée de perfectibilité, je l’ai comparée à celle de Jean-Jacques Rousseau que j’évoque également dans mon essai.

Si je continue certains paragraphes, veux construire de nouvelles parties dont une sur la propriété, je développe surtout de nouveaux paragraphes à l’intérieur de parties existantes comme on allume un feu au milieu d’une forêt.

Bien sûr, j’espérais un rétablissement physique le plus rapide. Or, l’anarque voulant son bonheur dans l’immédiat, j’ai su profiter de ma convalescence pour entre autres écrire. J’ai voulu ne pas rendre cette période triste ou trop difficile. Le bonheur à tout prix... En espérant que vous ayez passé de bonnes fêtes de Noël, il en reste une néanmoins : celle du jour de l'an !

J'espère que vous parvenez au bonheur malgré tout et contre tous les marasmes ambiants.
Je puis vous dire à présent : à l’année prochaine. Et merci de votre fidélité. Louison-Antoine

24/12/2011

Têtes à claques : Le père Noël

23/12/2011

Il existe deux mondes selon Ernst Jünger

389506_2930837952783_1316031401_3208541_1319075843_n.jpg

"Le monde, maison ceinte d’échafaudages, est notre représentation, le monde, jardin rempli de fleurs, notre rêve." Ernst Jünger - Eumeswill

22/12/2011

Jalouser

paix.gifL'unique chose positive à jalouser est sa liberté.

Louison-Antoine

20/12/2011

Schopenhauer et la tyrannie du vouloir

18/12/2011

L'aveugle et l'argent

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Ne jouez pas à cash-cash avec un aveugle.
En effet, l'argent n'ayant pas d'odeur...


Louison-Antoine

16/12/2011

Le coeur aventureux

JNGER_1.png« chacun, dans la mesure où il a résolument détruit la société en lui-même, peut aussitôt passer à l’étape suivante et étendre cette destruction aux possessions extérieures de la société, à supposer qu’il ne dédaigne pas de continuer à s’occuper d’elle sous cette forme, parce qu’il préfère, soit en homme d’action dans les lointaines contrées des origines, soit en penseur et en rêveur dans une chambre hermétiquement close de la grande ville, conférer à sa volonté le rang d’instance absolue » Extrait du livre Le coeur aventureux, de Ernst Jünger

14/12/2011

Formé sur le tas (rediffusion)

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On peut comprendre "un homme formé sur le tas" comme un homme qui connait ses prémices sexuels avec une femme bien en chaire...

Louison-Antoine

10/12/2011

Communiste moi ?

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A ceux qui croient peut-être le contraire, je ne suis pas communiste.
Je suis trop anticapitaliste pour ça.

Louison-Antoine

07/12/2011

Un amateur de galurins

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Celui qui a "hat" d'avoir un chapeau n'est-il pas un menteur ?

Louison-Antoine

06/12/2011

Céline, le génie de la démolition

Louis_Ferdinand_Celine.jpgEcrivain génial ou provocateur scandaleux ? Humaniste passionné ou antisémite invétéré ? Connaisseur profond de l’âme humaine ou cynique se délectant du malheur des autres ? Toutes ces questions se posent lorsque le lecteur aborde l’œuvre de Louis Ferdinand Céline, sans doute l’écrivain français le plus controversé du XXe siècle. Le lecteur qui se laisse emporter par la force de ce maître incomparable du style, se heurte presque aussitôt à des idées et des attitudes qu’il n’arrive pas à digérer parce qu’elles sont tout simplement intolérables. Et pourtant, et peut-être justement à cause de cela, Céline ne cesse d’intriguer les lecteurs, les historiens de la littérature et les traducteurs

C’est à l’occasion du 75e anniversaire de la parution de la traduction tchèque de son roman «Voyage au bout de la nuit », que l’Institut français de Prague a organisé une soirée consacré à Céline, écrivain qui, malgré le temps qui passe, continuera, sans doute, à garder encore longtemps son aura inquiétante et sinistre qui le protège de l’oubli. Parmi les invités à cette soirée il y avait, entre autres, la traductrice tchèque de Céline Anna Kareninová, l’écrivain Zbyněk Hejda et aussi Alice Stašková de l’Université Charles, membre du bureau de la Société célinienne. Dans son intervention, Alice Stašková est revenue sur la réception de l’œuvre de Céline en Tchécoslovaquie et en République tchèque. D’après elle, cette réception était d’une telle intensité quelle était comparable aux réactions des milieux littéraires en France :

« Le premier qui a introduit ‘Voyage au bout de la nuit’ dans le milieu tchèque était un écrivain d’origine juive, Richard Weiner, qui était le correspondant parisien du journal tchèque Lidové noviny. Il a écrit à l’époque, lors de l’affaire Goncourt : ‘Il s’agit d’une immense affaire de démolition.’ Sa description ainsi que son intuition pour l’immense grandeur littéraire de Céline ont été vraiment à l’origine de la réception de Céline en Tchécoslovaquie. (…) On peut très bien dire, ce qui est une chose assez particulière, que c’étaient tout de suite des personnages de premier rang de la vie culturelle qui se sont occupés de Céline. Comme c’était le cas aussi en France, l’œuvre de Céline, sa vision du monde et son style ont divisé le pays en deux camps politiques. Il a été assez bien accueilli par la gauche, comme en France. Il a été très bien accueilli également par le ‘prince’ de la critique tchèque František Xaver Šalda. Celui-ci lui a consacré une étude qui mérite d’être lue encore aujourd’hui. Par contre, il y a eu une réaction plutôt ambiguë de l’écrivain Karel Čapek, personnage dominant la scène culturelle tchèque qui a pris la position, je dirais, d’un bien-pensant et du sens commun. L’écrivain a recommandé à Céline, dans lequel il voyait un philanthrope ayant honte de son amour pour les misérables, d’aller voir un médecin des âmes humaines, pour trouver une issue. Donc les réactions ont été très partagées, et pourtant aussi différenciées qu’on puisse dire pour qu’elles soient intéressantes. »

Et Alice Stašková d’ajouter que l’œuvre de Céline a eu de la chance en ce qui concerne les traducteurs tchèques. Dans l’entre-deux-guerres c’était l’un des meilleur traducteurs de l’époque Jaroslav Zaorálek et, après 1989, Anna Kareninová. La traductrice a consacré à Céline une importante partie de ses activités et de sa vie :

« J’ai choisi Céline surtout parce que c’est un grand écrivain dont l’œuvre n’a pas été traduite, dans son ensemble, en tchèque. J’étais fascinée par la possibilité de découvrir son style. C’était la musique de sa langue que je voulais découvrir, traduire et, au fond, que je voulais aussi vivre. (…) Je n’ai réussi à transmettre que certains aspects de cette œuvre. Si je pensais avoir réussi à traduire l’œuvre de Céline dans toutes ses dimensions, je serais un mauvais traducteur. On doit toujours aller de l’avant et continuer à préciser la traduction. »

Anna Kareninová a traduit en tchèque la trilogie allemande – c’est-à-dire les romans « D’un château l’autre », « Nord » et « Rigodon », ainsi que les deux tomes de « Guignol’s band », et actuellement, elle est en train de traduire « Féérie pour une autre fois ».

« Les plus grandes difficultés de la traduction des œuvres de Céline sont dues au fait que l’écrivain, après la guerre et après avoir écrit ses ‘Pamphlets’ s’est mis à travailler d’une façon très intéressante avec la langue. Il exploitait également les possibilités sonores de la langue, et il est évidemment très difficile de traduire cela dans une langue de structure différente. J’ai donc été obligée de créer dans la langue tchèque un système correspondant à ce que Céline aurait utilisé, comme je le crois, s’il écrivait en tchèque.»

Céline, témoin nihiliste de l’absurdité de l’existence humaine, a vécu entre 1894 et 1961. Il a été la première victime de ses pensées corrosives. Sa vie marquée par des conflits avec la société, la prison, l’exil et la maladie, pourrait être considérée comme un immense échec, mais ce sont justement les vicissitudes de cette vie qui lui ont inspiré une des œuvres les plus originales de la littérature du XXe siècle. Evidemment, les participants à la soirée consacrée à Céline à l’Institut français de Prague ne pouvaient pas passer outre son antisémitisme. Pour la majorité de ses lecteurs, et aussi pour Anna Kareninová, c’est sans doute l’aspect le plus contestable et le plus douloureux de l’œuvre célinienne :

«La réception de l’œuvre de Céline dans le milieu tchèque m’a beaucoup surprise parce qu’on se disputait surtout à cause des parties licencieuses de ses écrits et non pas à cause de son antisémitisme. Je me suis rendue compte qu’avant l’holocauste, les gens n’avaient pas beaucoup pris en considération les choses auxquelles nous prêtons attention aujourd’hui, étant conscients des horreurs qui se sont produites. Céline était considéré en Bohême, de même qu’en France, comme un écrivain controversé. Mais on peut dire qu’en général les écrivains capables de comprendre la grande littérature voyaient en Céline un grand auteur. (…) Evidemment son antisémitisme n’est pas une chose à laquelle on peut s’habituer. Moi j’arrive à l’expliquer pour moi-même, mais je n’arrive pas à l’accepter. J’ai lu les pires choses qu’il avait écrites et je pense que c’était une hyperbole. Il venait d’un milieu où l’antisémitisme était courant, et il ne se rendait pas compte des limites qu’il transgressait. Il donnait ses pamphlets à lire à ses amis juifs comme une grande rigolade. Je ne sais pas comment c’est possible. C’est ainsi que je l’explique, mais je ne l’accepte pas.»

Céline est-il excusable ? Faut-il chercher des circonstances atténuantes à sa haine raciale ? Pour Alice Stašková cet aspect de la vie et de l’œuvre de l’écrivain ne perd rien de sa gravité même un demi-siècle après sa mort :

«Bien sûr, il s’agit là d’une question bien difficile, voire douloureuse, puisque, à mon avis tout chercheur célinien doit se poser cette question et essayer de faire face à cette atrocité qu’est l’antisémitisme de Céline entre 1937 et 1941. Il ne faut pas oublier non plus qu’il a écrit des lettres de lecteur dans les journaux fascistes en France. A mon avis, la position de Céline n’est pas excusable. On peut contextualiser l’antisémitisme farouche de Céline, on peut très bien le comparer à ses contemporains. Nous avons des tas d’explications psychologiques, psychiatriques et historiques situant Céline dans le milieu petit bourgeois des années vingt. On peut faire tout cela mais la question se pose à la fin si comprendre peut excuser. Est-ce que comprendre peut dispenser ? Est-ce que ceci peut donner une absolution ? Je crois que même dans les plus grands éclats de rire que l’œuvre célinienne provoque, dans cette grâce de rire que Céline nous offre, on ne peut jamais oublier que ceci est, je crois, la cause de l’holocauste. Pour chaque chercheur célinien, c’est mon avis personnel, la douleur célinienne ne se cicatrise jamais, il s’agit toujours d’une plaie ouverte.»

www.rozhlas.cz - 24 Mai 2008 - Václav Richter

05/12/2011

Défendez-vous une cause noble ?

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Je ne défends aucune noble cause.
Je ne suis pas noble moi-même, alors...

Louison-Antoine

04/12/2011

Miss France 2012 est particulière

saucisse.jpgMiss France 2012 est Miss Alsace.
Enfin une miss dont on est sûr qu'elle aime les saucisses !

Louison-Antoine

02/12/2011

Chimel Onfray chez Laurent Ruquier


Onfray Vs Polony & Pulvar [Philo] Ruquier 291011... par peanutsie