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03/02/2016

Un rétroviseur, ça doit servir ! (4/4)

minority-report.jpgNOTES (2) Condamner les arrière-pensées :
un nouveau pas vers le « progrès »


À force de moins condamner les actes que les paroles, nous finissons par condamner les arrières pensées ! Ceci est le travail de la Police de la Pensée correcte et dominante. En effet, elle
est spécialisée dans la « criminalisation des esprits », vous condamnant – simplement moralement et symboliquement, ou réellement par la loi – si vous avez utilisé tel mot banni par cette pensée, quel que soit le contexte. Si vous ne faites qu’objecter l’une des thèses de la Pensée correcte, il se peut bien qu’automatiquement vous souteniez la parfaite antithèse. (Ce qui s’avère risible, c’est que condamner soi-disant une pensée incorrecte révèle surtout, parfois, la « mauvaise pensée » du condamnant. Car c’est lui qui, avec les propos du condamné et à l’aide d’une imagination suspecte, a fait d’étranges associations d’idées auxquelles le condamné n’avait jamais pensé.)
Si, autre exemple, un ami d’un ami d’un ami est dans le collimateur de cette police, vous êtes vous-même suspect, même si vous ne le connaissez pas du tout et n’avez rien à voir avec ce monsieur.
Enfin, il y a condamner « ce que vous alliez dire » mais aussi « ce que vous alliez faire » !

Minority report (1956) est une nouvelle de science-fiction de Philip K. Dick (1928-82) décrivant une société future où les délits qui ne sont pas encore commis peuvent être prédits par des mutants (nous parlons, en fait, de précognition). Tandis
que, normalement, nous condamnons pour des crimes réalisés, Précrime est, dans la nouvelle, l’organisation qui, à l’aide de ces mutants, permet la condamnation d’individus pour des crimes qu’ils étaient sur le point d’accomplir mais qui n’ont donc pas réellement accompli. Le fondateur de cette organisation est alors en mesure d’affirmer : « Précrime a fait reculer le crime de quatre-vingt dix-neuf virgule huit pour cent. »
Pour en revenir à la réalité, le documentaire appelé Philip K. Dick l’écrivain visionnaire (2013) nous informe qu’à Memphis, aux États-Unis, les services de police ne s’en remettent pas à des facultés de précognition mais utilisent un logiciel de probabilités et de statistiques qui fournit une carte des futures activités criminelles. Puis ils prévoient, et donc empêchent, certains crimes en fonction des zones localisées par le logiciel. Ils avancent, au final, que le taux des crimes les plus graves a diminué de 30 %. Jusqu’au jour où un équivalent de Précrime existera vraiment ?

(3) Par exemple, l’innovation comme notion chère aux transhumanistes, aux garants de l’évolution technologique, aux grands industriels rêvant d’expansion économique infinie, veut parfois se justifier par sa dimension extraordinaire. Seulement, ce qui est extraordinaire n’est pas forcément décent. On parle parfois de techniques extraordinaires de torture. Les crimes sont parfois d’une intensité extraordinaire. Les milliardaires ont un patrimoine économique extraordinaire. Ce dernier adjectif peut, par conséquent, rimer avec disproportionné et extravagant, immoral et indécent. Louison Chimel, Les Cahiers d'un Anarchiste conservateur

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