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22/11/2015

Point de la semaine : notre incapacité politique (partie 1)

debat-pnyx-png-442d4.jpgJ'aborde cette semaine ce que j’avais prévu la semaine dernière : notre impuissance politique. Il est bien beau, pour un citoyen lambda actuel, d’écrire « de la politique ». Quels sont, plus largement, les changements politiques et même anthropologiques qui s'opèrent réellement en fonction de l'engagement politique ? Si nos gouvernants semblent faire ce qu'ils veulent malgré le mécontentement populaire, c'est parce que la question institutionnelle est centrale. La question économique est majeure également. Mais les injustices sociales que nous connaissons sont bien institutionnellement autorisées !
Si nous sommes conscients de notre impuissance politique alors, dès lors que nous défendons la démocratie la vraie ou que nous voulons simplement redevenir maîtres de notre destin collectif, reconnaissons que nous sommes en dictature et non en démocratie ! Nous sommes de faux citoyens. La supercherie, en vérité, remonte au temps de la Révolution française.

En ce temps-là, le « haut du panier » économique et intellectuel du tiers-état « révolutionnaire » (en bref, la grande bourgeoisie associée à l'aristocratie financière) va faire croire au monde entier — et d'abord à ceux qui sont bernés, c'est-à-dire les classes laborieuses du peuple français — que c'est ce tiers-état tout entier, avec ces dernières, qui, à partir de 1789, prend le pouvoir en France. Cependant, nous savons, pour peu que nous nous penchions un tantinet sur l'histoire, que ceci relève de mensonges !
Charles De Gaulle lui-même, auprès d'Alain Peyrefitte, le disait bien : « La Révolution française n’a pas appelé au pouvoir le peuple français, mais cette classe artificielle qu’est la bourgeoisie. Cette classe qui s’est de plus en plus abâtardie, jusqu’à devenir traîtresse à son propre pays. » Nous vivons donc, aujourd'hui, sous un semblant de démocratie et de république puisque, en allusion directe à l'étymologie de ces deux termes, le peuple n'est pas souverain et que ses gouvernants ne défendent pas l'intérêt général mais coopèrent avec ceux qui mondialement et culturellement leur ressemblent ; à savoir la classe incarnée par les hommes les plus riches du monde, patrons de multinationales, émirs ou autres grands banquiers...

Nous ne sommes pas, en effet, de vrais citoyens lorsque nous ne faisons que voter quelques fois dans l’année. Et ce, en plus, pour des gens qui soi-disant nous représentent alors qu'en toute logique ils ne feront que représenter ceux qui les engraissent économiquement.
Un citoyen authentique « n’élit pas ses représentants » mais « vote des lois », qu’il détermine avec les autres citoyens.
Un des intérêts majeurs — voire l’intérêt principal — d’écrire « de la politique », c’est donc de sensibiliser les gens à leur impuissance politique, qui les coupe de la maîtrise de leur destin. Dans un sens, la communauté de citoyens se transcende en tant que communauté de destin. Ce destin est singulier. Et nous ne devons plus le subir mais le choisir. Ce que, par conséquent, nous désignons par intérêt commun doit scrupuleusement être ce qui est décidé communément par nous citoyens. Ceci nous éloigne, au passage, de la « démocratie représentative » qui a été un formidable levier d’une ploutocratie médiatique.

Maintenant, ce que j’appelle confédération serait vraiment le régime du peuple. Soit celui des individus modestes et du quotidien, détenteurs de la force de travail avant tout et conscients des principes de réalité économiques et matériels. N’omettons pas, par contre, en son sein, l’ensemble non négligeable des fripons actifs et beaux parleurs, des arrivistes sans scrupules (deux expressions retrouvables dans l'entrevue de Jean-Claude Michéa pour la revue A contretemps de Juillet 2008), des êtres égoïstement ou jalousement avides de gloire personnelle, des trouble-fêtes professionnels, des perturbateurs perturbés. Autrement dit, nous pouvons craindre, avec l’anarchiste Émile Henry, que, au lieu des « intelligents » et « énergiques », « seuls les cyniques et rampants » puissent « se faire bonne place au banquet ».
Mais comment donc neutraliser la nocivité de ces individus au sein d'un processus révolutionnaire et démocratique digne de ce nom ? Je vous donne des éléments de réponse la semaine prochaine. Je vous laisse y répondre entre-temps. Louison Chimel

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