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09/11/2015

Point de la semaine : sur la notion de race (1/2)

Comme j’ai évoqué très brièvement Nadine Morano la semaine dernière dans mon « point de la semaine », on m’a demandé ce que je pensais de la polémique suscitée, autour de ses propos datant du 26 septembre 2015 dans l’émission télé On n’est pas couché. Cette politicienne a dit : « La France est un pays judéo-chrétien, de race blanche. » Expression en allusion à une citation du général De Gaulle (qui est mort il y a pile quarante-cinq ans aujourd’hui) que Morano a bien mal utilisée. Car, en premier lieu, De Gaulle n’a pas, dans ladite citation, parlé de « pays judéo-chrétien » mais de peuple de « culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Ce qui se comprend très bien car — même si le Christ était juif et qu’en outre nous pouvons sérieusement juger que le Nouveau Testament ne serait pas ce qu’il est sans l’Ancien Testament —, la « première naissance » de la France peut se retrouver dans le baptême de Clovis — un baptême catholique — et la « seconde naissance » dans le sacre d’Hugues Capet — un sacre catholique. Le royaume des Francs puis de France devient une entité civilisatrice, une unité politique, à part entière autour du catholicisme. D’autres croyances se croisent sur le territoire français depuis la naissance de la France en raison de ses traditions païennes. En résumé, la France est, dans son histoire, principalement catholique et païenne ; n’en déplaise à ceux qui, par idéologie notamment, tronquent l’histoire et jugent, tout-à-fait arbitrairement, qu’avant 1789 la France était une terre obscure, sur laquelle vivaient des gens également obscures et indignes — en somme, non civilisés — n’ayant pas encore trouvé l’interrupteur afin de découvrir la lumière…

En second lieu, De Gaulle a bien parlé, par contre, de « race blanche ». Si le mot race signifie « couleur de peau », il est un fait, là aussi, que le peuple de France soit principalement constitué, depuis toujours, de gens blancs.
Certes, le mot race peut avoir un autre sens : l’ethnie. Il existe l’ethnie caucasienne. Les Français sont principalement caucasiens. Un fait là encore. Parler d’ethnie, dans tous les cas, semble plus politiquement correct que parler de race. Et pourquoi donc ? Car, dans les fichiers du F.B.I. nous sommes classés par ethnie ? En somme, ce qui est politiquement correct semble plus d’une fois concorder avec ce qui est usité aux États-Unis, un pays dans lequel nous pensons forcément bien et juste, qui guide culturellement les Français depuis plus d’un demi-siècle à présent ; ces derniers seraient de formidables ignares s’ils n’avaient pas, autrefois, adopté le jean, le flipper et le rock’n’roll…
Je n’ai rien de particulier, bien sûr, contre le jean, le flipper et le rock’n’roll. Même si je ne porte pas le premier, le second nourrit quelques souvenirs d’enfance et j’aime le troisième. Quant au mot race, je ne l’emploie pas spécialement. Il peut m’arriver de l’utiliser en privé en l’associant surtout au sens de « couleur de peau ». J’ai conscience, sinon, que son usage est totalement diabolisé. Parler de race sous-entendrait forcément une vision raciste.
Or, avant le racisme, il existe le racialisme ou encore l’ethno-différentialisme. Il ne faudrait pas confondre, en outre, distinguer et discriminer ; à moins qu’aujourd’hui oser distinguer, préférer une chose ou une personne à une autre, soit déjà discriminer… Mais c’est alors négliger la diversité du monde, des cultures, des compétences, des arts, des couleurs, etc.
Personnellement, dans tous les cas, je m’en fous de la race… Cela ne doit pas aider à reconnaître ou non un Français quand entre autres nous nous rappelons que — même si, à côté, nous pouvons critiquer le colonialisme — les Antillais ont été français avant les Savoyards. A l’époque, être catholique suffisait pour devenir sujet du roi de France. En vérité, le racisme a nourri des idéologies propres à la modernité.

Morano, pour moi, en a trop dit ou pas assez. Elle a voulu faire sa maligne dans une émission qui, quoi qu’il en soit, ne permet pas le débat de fond ni une quelconque explication historique. Il est bien logique, alors, qu’elle a engendré un malaise.
La France est, dans l’histoire occidentale, l’un des pays les moins ethnicistes et aussi les moins xénophobes. La France, autrefois, a eu comme régent « l'Italien » Cardinal Mazarin. Si De Gaulle avait été mort durant son mandat de président de la République, Gaston Monnerville l’aurait automatiquement remplacé dans cette fonction. Ainsi, la France aurait été la première nation occidentale à avoir un chef d’État métisse. Avant les États-Unis, donc, et son Obama... impérialiste comme ses prédécesseurs... Comme quoi, ni la noblesse ni la bassesse n'ont de couleur de peau...

Louison Chimel

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