13/02/2016
De la contre-société populaire à l'implosion révolutionnaire, au confédéralisme national (1/2)
« Tout arrive, donc tout se peut. Il n'y a qu'à vouloir. Qu'on veuille le possible, et le réel éclot. » (Charles Maurras, Si le coup de force est possible)
C'est plus une idée d'explosion que d'implosion qui est liée, a priori, à celle de révolution.
Seulement, le peuple, le vrai peuple – autrement dit, l'en-semble des hommes et des femmes modestes du quotidien, les détenteurs directs de la force du travail et les personnes fragiles physiquement et/ou mentalement (retraitées, handicapées) – en constituant une contre-société, ne marche plus dans la combine, a décidé de laisser s'effriter le système économique dominant dans lequel il évolue sans l'avoir choisi, ne reconnaît plus quel-conque autorité politique, judiciaire ou policière qui en dépend.
Ayant opté pour la résistance – pacifique, par exemple à la Léon Tolstoï, mais pas toujours – le peuple développe des ré-seaux de solidarité alternatifs, redéploie de l'humanité digne de ce nom, c'est-à-dire de la dignité, que l'âme des gouvernants a perdu aux seuls bénéfices de leurs intérêts particuliers.
En opposition rigoureuse au système – association de l’État et de la société –, il faut un peuple autonome et solidaire ainsi qu'une contre-société comme l'expérience d'une société décente authentique.
Nous ne cherchons pas, alors, à ce que le système explose mais qu'il implose peu à peu – qu'il s'effondre tel un château de cartes sur lequel nous soufflons lentement mais sûrement.
Nous ne sommes pas étasuniens donc nous sommes, nous français, une société sans armes, au sens propre. Il vaut donc mieux avoir de notre côté les hommes armés. L'élite bureaucratique encravatée ne peut que trembler devant la menace d'armes maniées par des professionnels. Je fais allusion à l'armée française et à l'action de mutinerie. (1)
Bien sûr, il y a, dans celle-ci, tous ces hauts gradés bien heureux de rendre service une fois, deux fois, dix fois, à l'Empire nord-américain. Il y a tous ceux qui ont laissé tomber l'amour du Pays réel – ou le réel amour du pays, comme on préfère – pour s'assurer d'une bonne gâche aujourd'hui, pour une bonne retraite de militaire demain. Leur fierté dépend malheureusement de la reconnaissance des atlantistes ou encore des mondialistes ; tant pis s'ils ne comprennent pas – ou plutôt, ne sentent pas – que la fierté est plus grande, plus pure, lorsqu'on se tourne du côté du peuple. Il ne s'agit donc pas de la fierté pour soi, qui a ses limites existentielles, mais celle pour les autres. Encore faut-il cependant que les autres soient justement un minimum fiers d'eux et osent s'indigner, souhaitent entrer en résistance. C'est George Orwell entre autres qui nous rappelle que l'exercice et la critique politiques est sans noblesse si elle n'est pas le résultat d'une authentique indignation.
En toute logique, il y a des liens entre le militaire et le héros. Souvent, le premier a voulu être un héros. Souvent, celui qui voulait autrefois être un héros s'imaginait sous un uniforme militaire. Nonobstant, il ne s'agit pas, bien sûr, d'attendre les militaires pour s’activer. Si le héros prend tout son sens dans la moralité, ou si la seconde est à son apogée en le premier, formant le sublime – « mort dans la bourgeoisie » ainsi « condamnée à ne plus avoir de morale » (2) –, alors le soldat n'a pas le mono-pole de la vertu.
De surcroît, plus nous grimpons dans la hiérarchie plus nous trouvons de la compromission chez les gradés militaires. Je préfère donner ma confiance au soldat « d'en bas » qui a cru naïve-ment mais tout à fait sincèrement servir son pays en s'engageant.
NOTES (1) Nous pouvons intégrer, dans l’acte de mutinerie, les forces de police. Le policier représente certes l'autorité étatique mais peut très bien se retourner contre sa hiérarchie et, par exemple, rejoindre l'émeute populaire – évoquée dans cette partie – puisque lui aussi est un citoyen asservi (Þ 8.6.2. L’aliénation par l’allocation. NOTE : Les corps constitués avec ou contre le peuple ?)
(2) Expression de Georges Sorel tirée de ses Réflexions sur la violence. Pour notre grand auteur socialiste, le sublime est encore, dans cet ouvrage, l'esprit du héros moral qui « se retrouve dans les groupes ouvriers […] passionnés pour la grève générale ». Car « ces groupes se représentent […] la révolution comme un immense soulèvement qu'on peut encore qualifier d'individualiste : chacun marchant avec le plus d'ardeur possible, opérant pour son compte, ne se préoccupant guère de subordonner sa conduite à un grand plan d'ensemble savamment combiné ».
Louison Chimel - texte présent dans son prochain livre Anarchiste conservateur
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