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22/09/2015

Hillary Clinton - Etats-Unis : la guerre « pour le terrorisme » (2/2)

xanda__536590.pngUn article de Courrier international datant du 4 décembre 2014 nous parle du célèbre journaliste du New York Times James Risen qui, compte tenu des contrats signés entre des entreprises étasuniennes et le département de la Défense de leur pays, estime que la guerre contre le terrorisme a donné lieu à « l’un des plus gros transferts d’argent public vers le privé » de toute l’histoire des Etats-Unis. Incluant les campagnes d’Afghanistan et d’Irak débutées respectivement en 2001 et 2003, cette guerre a coûté 4 000 milliards de dollars (3 200 milliards d’euros) » aux Etats-Unis ; milliards qui ont fait émerger ceux que Risen appelle « les oligarques du 11 septembre », une « bande de profiteurs » selon Tom Engelhardt. Ce dernier, auteur et codirecteur de la collection de livres anti-impérialistes The American Empire Project, nous rappelle que « les objectifs de la guerre contre le terrorisme lancée par George W. Bush [président des Etats-Unis de 2001 à 2009] étaient d’éradiquer le terrorisme de la planète ». Or, toutes ces années et « ces dollars plus tard », il y a, en réalité, extension de l’islamisme avec estimation de « 15 000 combattants étrangers » ayant rejoint la Syrie pour intégrer l’E.I. En conséquence, selon Engelhardt, il ne faut pas parler de guerre contre le terrorisme mais « pour le terrorisme ».

Pour clôturer cette partie, retournons au siècle dernier. Car le terrorisme islamique n’est pas subitement né en 2001, l’année des attentats historico-tragiques aux Etats-Unis. Des propos de la célèbre ex-secrétaire d’Etat étasunienne Hilary Clinton sont intéressants quant à comprendre que l’Empire nord-américain « nourrit » depuis longtemps le terrorisme islamique même si le contexte de l’époque – guerre d’Afghanistan de 1979-89 – était bien différent. En effet, il ne s’agissait pas, à ce moment-là, de favoriser consciemment et l’islamisme pour jouer hypocritement avec la peur des populations et justifier de nouvelles campagnes impérialistes mais de renforcer les rangs des fondamentalistes musulmans pour en finir avec l’Union soviétique.
Je n’ai malheureusement pas la date précise des propos de Clinton – filmés officiellement, issus d’un discours relayé sur la chaîne de télé C.N.N. ainsi que d’une entrevue pour la chaîne Fox news. Ils semblent être de 2012. 
Dans l’entrevue, la femme politique étasunienne affirme : « Nous avons créé le problème que nous sommes présentement en train de combattre. » Dans le discours, elle est plus explicite : « Souvenons-nous que les gens contre qui nous nous battons aujourd’hui, nous les avons financés vingt ans plus tôt. » Puis elle rappelle le contexte géopolitique de cette période : « Nous étions enfermé dans un conflit avec l’Union soviétique [U.R.S.S.] qui avait envahi l’Afghanistan et nous ne voulions pas qu’elle contrôle l’Asie centrale. » A la fois dans son discours et dans son entrevue, Clinton nous informe alors que – dans le but de vaincre l’U.R.S.S. – Ronald Reagan (président des Etats-Unis à l’époque) en partenariat avec le Congrès a traité avec l’I.S.I. (Inter-Services Intelligence : services secrets pakistanais) et l’armée pakistanaise pour recruter des moudjahidines venant d’Arabie-Saoudite et d’ailleurs, en les équipant de lance-missiles et en les laissant importer leur idéologie wahhabite. (*)
Pour Clinton, c’est une stratégie qui a porté ses fruits : elle a réellement contribué à l’effondrement de l’U.R.S.S. En effet, ce n’était pas un « mauvais investissement pour en terminer avec l’U.R.S.S. » qui a alors retiré ses troupes et a « perdu des milliards de dollars ». Seulement, la femme d’un autre ex-président des Etats-Unis Bill Clinton ajoute : « Soyons prudents avec ce que nous semons parce que nous allons récolter. »
L’ex-secrétaire d’Etat rappelle alors ce qui s’est produit ensuite à l’époque : « Nous avons quitté le Pakistan, nous leur avons dit : « Débrouillez-vous avec les Stingers [missiles sol-air], que nous avons laissé partout dans votre pays, ainsi qu’avec les mines tout au long de la frontière. » Dans le discours, elle ajoute : « Nous avons arrêté les transactions avec l’armée pakistanaise. » Dans l’entrevue, elle dit que les autorités étasuniennes ont laissé en Afghanistan des « fanatiques entraînés, bien équipés et armés », pour répéter que « les gens que nous combattons » aujourd’hui sont ceux qu’autrefois « nous avons supporté dans le combat contre les Soviétiques ».
N’oublions pas enfin que, comme il est écrit dans un article du Point (28 avril 2010), « la victoire en 1992 des moudjahidines contre le régime soutenu par Moscou – l’Armée rouge avait quitté le pays en 1989 après 10 ans d’occupation – a ouvert la voie à une guerre civile d’une grande violence qui a favorisé l’arrivée au pouvoir en 1996 des talibans » c’est-à-dire d’autres fondamentalistes musulmans…

NOTE (*) A cette époque, le Congrès est dirigé par les Démocrates. Ronald Reagan fait, quant à lui, partie des Républicains. D’où une alliance entre les deux principaux partis politiques étasuniens validant une même politique impériale. Bonjour les clivages…
« Moudjahidines » est le mot utilisé par Hilary Clinton. Nous pouvons le définir le plus simplement possible comme guerrier musulman.
Le wahhabisme, enfin, est un courant politico-religieux saoudien né au XVIIIe siècle défendant une orthodoxie islamique ritualiste et rejetant tous les autres courants de l’islam.
Louison Chimel, extrait de Anarchiste conservateur formant un article retrouvable en entier sur http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/hilla...

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