05/07/2012
Extrait de L'anarque (brouillon - rediffusion)
[...] le bonheur en question – celui de l'individu, de l'homme libre – est précieux, à protéger des tourments relatifs aux phénomènes de masse ou aux caprices des élites.
Ernst Jünger écrit concernant l’histoire des hommes des cent dernières années : « [...] tout rationalisme mène au mécanisme et tout mécanisme à la torture, comme à sa conséquence logique : ce qu’on ne voyait pas encore au XIXe siècle. Il ne faut rien de moins qu’un miracle pour sauver l’homme de tels tourbillons. Et ce miracle s’est produit d’innombrables fois […] Cela s’est vu jusque dans les prisons […] En toute occurrence, envers chacun, l’homme seul peut ainsi devenir le prochain — ce qui révèle son être inné. » Il évoque alors « la personne du gardien qui glisse secrètement au prisonnier un morceau de pain. De telles actions ne peuvent se perdre : et c’est d’elles que vit le monde. Elles sont les sacrifices sur lesquels il est fondé. » De là, il semble logique que l'anarque oppose au fait mécanique le fait anarchique.
Il existe un microcosme qui s'impose toujours plus ou moins à l'individu : celui le plus en rapport à son conditionnement. Seulement, il en existe d'autres. L'homme en est le perpétuel bâtisseur. Des amoureux se retrouvent en catimini dans une chambre d'hôtel. L'homme ferme la porte derrière lui. Qu'importe le régime sous lequel vivent lui et sa bien aimée. Cette femme est peut-être la fille d'un bourreau, cet homme le frère d'un esclave. Ou bien ils sont de nationalités qui, pendant ce temps, se disputent sur le champ de bataille. Qu'importe, je répète. Ils vont durant un instant – quelques heures ou une nuit – se couper du monde extérieur en recréant leur propre monde alimenté d'un amour réel c'est-à-dire anarchique, qui peut exister malgré la pression alentour, la terreur éventuelle que le régime répand. Ces amants ne peuvent échapper totalement à leur conditionnement respectif, ils savent néanmoins être les créateurs d'une authenticité délicate et attentionnée. Louison Chimel
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