Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/03/2016

Différences et ressemblances entre Socrate et le Christ

Jesus-Christ-Agneau-Mormon.jpgCertains penseurs ont relevé d’intéressants points communs entre Socrate et le Christ. Citation intéressante de Jean-Jacques Rousseau dans Émile ou De l’éducation : « Socrate prenant la coupe empoisonnée bénit celui qui la lui présente et qui pleure ; Jésus, au milieu d’un supplice affreux, prie pour ses bourreaux acharnés. Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. Dirons-nous que l’histoire de l’Évangile est inventée à plaisir ? Mon ami, ce n’est pas ainsi qu’on invente ; et les faits de Socrate, dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ. » Socrate et le Christ meurent tous les deux injustement condamnés. Tous les deux, ils vouent leur vie à la spiritualité. Ils sont attachés de manière absolue à la vérité. Sauf que, point crucial, Socrate la recherche alors que le Christ la répand. Car le second la détient, il la symbolise même. D’ailleurs, comme il le dit au gouverneur romain Ponce Pilate, il n’est « venu dans le monde » que « pour rendre témoignage à la vérité » (Évangile selon Jean). Socrate, lui, s’il recherche la vérité dans sa forme absolue, ne la recherche pas que dans le temporel mais aussi dans l’intemporel. Ainsi, il est sensible à un « au-delà » de nos dispositions éthiques qui règleraient seulement les problèmes de la cité d’aujourd’hui. Pour Jésus, la vérité est certes en lui mais, en même temps, au-delà puisqu’il se veut le représentant de Dieu sur Terre. Également, nous pouvons faire remarquer que Jésus n’est pas contre la sexualité mais « au-delà ». Il s’en passe parce qu’il en a parfaitement les moyens. De même, il ne ressent pas le besoin de fonder une famille. Que dire alors de ceux qui jurent sur le Christ tandis que, pour eux, le sexe est banni hors mariage et qu’en outre il est un devoir de se marier et de procréer ? Le Christ est également au-delà des querelles entre les peuples, comme nous le voyons plus loin dans son dialogue avec la Samaritaine, un épisode des Évangiles. Cette façon d’être « au-delà », d’être à la fois impartial et détaché des jugements partisans et discriminants, de voir avant tout une unique humanité avec ses individus, uniques également, plaît à certains anarchistes. Jésus peut être comparé à un anarque.
Il existe des similitudes entre Socrate et le Christ dans la pratique de leur vocation. Tous deux n’ont rien écrit. Ce ne sont pas des intellectuels. Ils auront fait, en outre, des travaux manuels ; le premier sculpteur, le second charpentier et tailleur de pierre. Ils ne font pas de conférences dans des bureaux. Nul besoin de les payer pour les écouter. De toute façon, nous retrouvons Jésus « sans cesse en compagnie des prolétaires, des misérables, des bas-tombés, des lépreux, des malheureux de toute sorte mis au ban de la société » (Émile Armand, Mensonges de Jésuites). La philosophie, quant à elle, vaut pour la vie ordinaire et quotidienne. À partir de là, le philosophe, tel Socrate, ne peut qu’être un être social. Lui et Jésus sont dans les rues des cités ou dans les chemins de campagne, et usent uniquement de la parole : une parole désintéressée, gratuite, au langage simple, afin d’être sûrs d’être compris par tous. Aussi, ils sont vraiment ce qu’ils défendent. La distance se veut nulle entre leurs paroles, leurs actes et leurs manières de vivre. Ils n’ont, d’ailleurs, aucun bien et vivent parmi les gens pauvres. Armand, dans Mensonges de Jésuites, résume bien leur posture : « La vraie religion consiste dans une transformation intérieure, dans un renouvellement de la vie morale, dans un accord incessant entre ce qu’on dit être et ce qu’on est réellement, dans une tentative sincère pour y parvenir tout au moins, et non dans un vêtement de forme spéciale ou une récitation machinale de prières ou de textes sacrés. »
Nous pouvons trouver également que, comme Socrate en son temps, le Christ, au cours de sa rencontre avec la Samaritaine, use de la maïeutique. Qu’est-ce que celle-ci ? « L’art de faire accoucher les esprits » répond Socrate, dont la mère était sage-femme. La maïeutique est une technique de langage – reposant beaucoup sur les questionnements – pour que l’interlocuteur se rende compte de lui-même qu’il est contradictoire, ou qu’il a des certitudes qui sont fausses, ou qu’il en sait moins, ou plus, que ce qu’il croyait.
Pour mieux convaincre nos interlocuteurs, pour qu’ils intègrent d’une meilleure façon les vertus, pour qu’ils vivent vraiment en eux-mêmes une transformation morale positive, ne devons-nous pas les amener à formuler eux-mêmes des réponses ? Ainsi, l’autre, certes, contribue à la révélation mais une bonne partie de celle-ci vient de nous-mêmes.
Nous voyons que le Christ, dans son dialogue avec la Samaritaine, sait faire naître, chez l’autre, une remise en question. À sa manière, alors que, selon les mœurs ambiantes, il ne devrait pas parler avec cette femme membre d’un peuple hostile aux Juifs, Jésus chamboule les codes. En plus, il est à l’opposé de la misogynie que nous pouvons retrouver à l’époque. Pour bien des choses et à sa manière, Jésus est un révolutionnaire. Louison-Antoine

Les commentaires sont fermés.