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02/03/2016

L'anarchisme conservateur, un socialisme ?

Le_Quai_de_Wigan.jpgGeorge Orwell écrit dans Le Quai de Wigan : « En ce moment, la seule attitude possible pour tout individu honnête, toute personne décente, que son tempérament le porte plutôt vers les conservateurs ou plutôt vers les anarchistes, est d’œuvrer pour l'avènement du socialisme. Autrement, rien ne peut nous sauver de la misère actuelle et du cauchemar à venir. »

Si l’anarchisme conservateur est un proudhonisme alors c’est un socialisme autogestionnaire de tendance mutualiste. Or, le proudhonisme a des inspirations utopistes ; autrement dit, Pierre-Joseph Proudhon a été influencé par les toutes premières doctrines dites socialistes (1) datant du début du XIXe siècle – plus précisément, entre autres, par le Gallois Robert Owen et les Français Charles Fourier et le Comte de Saint-Simon. Aussi, notre penseur bisontin obtient un emploi intéressant dans une batellerie lyonnaise en 1843. Il rencontre alors les ouvriers de la soie lyonnais, les Canuts, rassemblés en associations mutuelles (formant la Société du Devoir mutuel), conséquences des deux insurrections sociales connues dans cette ville en 1831 et 1834. Ce qui va beaucoup influencer les thèses de Proudhon.
Il ne s’agit donc pas d’idéaliser un processus révolutionnaire rapide débouchant sur un immense soulèvement qui n’assure aucunement l’absence de déchirements postérieurs, au profit de l’installation d’une nouvelle dictature. Il faut différencier ce mythe révolutionnaire de la nécessité insurrectionnelle sur laquelle je reviens dans une autre partie. Les grèves et les manifestations changent ce qu’elles peuvent changer et ce qui est pris est pris. L’insurrection a naturellement, par rapport à la révolution, le mérite d’une plus grande immédiateté. Je rappelle, en passant, que, dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1793, est stipulé le droit de « résistance à l’oppression » à travers trois articles dont le suivant : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus in-dispensable des devoirs. » Étonnant, non ? En tout cas, facile à écrire, moins facile à faire. Surtout que, face à l’insurrection, nous pouvons avoir à faire aux forces de l’ordre, envoyées par le gouvernement et représentant, à ce qu’il paraît, la souveraineté populaire.

Je reviens à l’idée d’immédiateté, ces précédentes « premières doctrines » défendent l’imminence de l’organisation socialiste par l’expérience. Il faut montrer l’exemple empiriquement, ne pas garder la théorie au chaud, dans l’attente de la révolution. De toute façon, les plus grandes et vraies révolutions se font sur des générations. L’oligarchie libérale le sait très bien : elle est ce qu’elle est aujourd’hui parce qu’elle est le fruit de plusieurs épisodes politiques, de plusieurs – et plus ou moins lentes – mutations philosophiques puis culturelles puis technologiques. Extrait de la partie L'ANARCHISME CONSERVATEUR, UN SOCIALISME ? (ouvrage : Anarchiste conservateur) Louison Chimel

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