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05/10/2015

Les frontières sont-elles nécessaires ? (1/2)

« Un peuple, c’est une population, plus des contours et des conteurs. » (Régis Debray, Eloge des frontières)

Les frontières sont nécessaires afin que plusieurs sous-ensembles cohabitent « pacifiquement » à l'intérieur d'un même ensemble. Premier exemple qui peut venir à l'esprit, le corps humain et ses milliards de cellules avec leur porosité. Qui dit frontière ne dit donc pas fermeture nette et absolue. Il y a la maison, son intérieur et son extérieur – avec un jardin, par exemple –, puis ses portes et fenêtres afin de justement « faire communiquer » son intérieur et son extérieur ; la gestion de leurs ouvertures et fermetures revient logiquement à leur propriétaire. Aussi, d'un certain découpage, nous pouvons obtenir un meilleur assemblage.

 

Une frontière, en politique, est censée protéger des droits pour une population donnée sur un territoire donné. Ceci peut permettre une meilleure reconnaissance et un certain respect – non seulement moralement mais aussi juridiquement – de ceux qui sont de l'autre côté de la frontière, concernant une autre population, un autre territoire. Toute posture anti-colonialiste dépend de l’existence des frontières. Appuyer intelligemment cette dernière peut servir une cause anti-colonialiste ou anti-impérialiste.

La frontière n’est pas un problème en soi. Sa mauvaise gestion peut en être un. Dans l'absolu, n’est-ce pas aux peuples autochtones de choisir qui ils acceptent ou non sur leur territoire ? Il faut se méfier de la gestion des frontières par des représentants d'intérêts particuliers – politiques ou économiques. Eux peuvent se moquer du bien-vivre ensemble et de la solidarité interne à un peuple mais aussi de celle entre deux peuples et justement entretenue par la frontière gérée alors harmonieusement, sans posture idéologique visant à défendre l'ouverture, ou la fermeture, constante des « portes et fenêtres ». Les colonialistes et impérialistes, eux, se fichent à coup sûr des frontières. Ils les répugnent. C'est pour cela qu'ils osent faire ce qu'ils font. Ils s’assoient sur la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes – et donc à formuler un destin commun sur un territoire dont ils sont souverains.

De surcroît, l'idée de frontière effraie des anarchistes. Car qui dit frontière dit principe d'inclusion et d'exclusion d'individus. Pourtant, l'inclusion par l'association – toute consentie qu'elle peut, et doit, être – entraîne nécessairement une exclusion : il y a les associés et les autres. Ce qui ne veut pas dire que l'association est intangible. Aujourd’hui, je contracte avec untel. Demain, avec untel autre. Analogiquement, la frontière n’est pas un mur qui, en plus, serait assurément infranchissable.

Louison Chimel, extrait de Anarchiste conservateur retrouvable sous forme d'article à l'adresse suivante :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-ne...

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