09/12/2013
L'anarchisme conservateur de J.-C.Michéa
Le complexe d’Orphée définit l’imaginaire de la gauche progressiste dans la mesure ou Orphée, pour ramener Eurydice des enfers, avait dû s’engager à aller toujours de l’avant sans jamais s’autoriser le moindre regard en arrière - Ce que Bailly appelle l’effet « cliquet » en matière d’acquis sociaux – De même les socialistes marxistes sont persuadés qu’il y a un mystérieux sens de l’histoire porté par le développement inexorable des techniques vers un avenir radieux… et qu’il est impossible qu’ils aient abandonné derrière eux quelque-chose qui était correct !...
Michéa préconise d’abandonner l’utopie Marxiste (c’est à dire l’idéalisme scientifique) au profit du « roc » de Mauss (C’est à dire des rapports humains structurés autour du trépied : donner, recevoir et rendre). Roc qu’Orwell appelle maintenant « décence commune » et dont le retour constitue un véritable anarchisme conservateur, réclamant l’ancrage dans des structures de réciprocité que le développement illimité du marché et du droit menace de détruire peu à peu. Cet anarchisme conservateur se situe à égale distance entre les blancs (capitalisme) et les rouges (Collectivisme) mais il a été balayé en 1980 lorsque s’est imposé partout l’idée que toute tentative de rupture avec le capitalisme ne pouvait que conduire au totalitarisme et au goulag. La gauche originelle qui aurait dû incarner l’anarchisme conservateur s’est alors perdue avec l’idéologie « ni réaction, ni révolution » et en fabriquant un antagonisme électoral artificiel en son sein (libéralisme économique de Tocqueville d’un coté et gauche antiraciste et citoyenne de l’autre). Antagonisme venu remplacer l’ancienne scission entre royalistes (Blancs) et prolétariat (Rouge). La couleur rose étant la traduction parfaite du nouvel antagonisme interne qui est venu affaiblir le « parti du mouvement » né au XIXème siècle. Parallèlement le libéralisme, qui n’était qu’une doctrine des limites qu’il convenait d’imposer à l’emprise de l’Etat et de l’Eglise pour ramener la balle au centre, s’est mis à récuser les critères de bon sens qui permettent de distinguer une action honnête d’une action malhonnête ; et cela sous prétexte qu’il s’agit de pures construction arbitraires. Incapable de définir par lui-même ses propres limites, il a accepté l’extension illimitée du droit de chacun à satisfaire ses lubies personnelles et laissé saper tous les fondements symboliques et pratiques de la vie en commun.
L’épuisement des ressources naturelles et les guerres qui vont avec sont-elles au bout du chemin ?
Mais qui, actuellement, est capable d’incarner un socialisme anarchiste et conservateur prêt à remettre le « roc » de Mauss au centre de la communauté ?.
dominiquequenin.over-blog.com - 5 octobre 2011
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