Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/06/2015

L'anarchisme conservateur et l'anarchisme de droite (3/3)

(Extrait de mon prochain livre Anarchiste conservateur, Louison Chimel)
J’ai lu plusieurs aventures des rigolos Pieds nickelés au début de mon adolescence puis Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline, à dix-sept ans. Les premiers m’ont donné l’image d’une France où il faisait bon vivre, d’une France prospère et insouciante, avec encore ses gendarmes en bicyclette surnommés les hirondelles. Quant à Céline, il a su coucher sur le papier l’humanité dans sa totalité, cette humanité avec ses sentiments généreux et ses bas instincts, ses propensions à l’espoir le plus naïf mais touchant et au désespoir le plus incorrigible. De plus, comme les anarchistes de droite, je me méfie bien des apparences. Je combats leur importance dans les préjugés. Etant donné mon handicap apparent, je ne peux qu’être sensible à ce genre de question. Je peux penser, par ailleurs, que l’habit fait le moine mais quand même pas tout le temps. Nous pouvons bien nous déguiser en moine, non ?
L’humour dans les romans de mon personnage Toni Truand y est sans doute pour quelque chose, certaines personnes m’ont parfois jugé anarchiste de droite, ou de droite tout court, dans le sens où la gauche – du politiquement correct, précisons – n’a pas d’humour car idéologisée et représentée par ses donneurs de leçon professionnels et spécialistes autoproclamés et pédants de la moralité qu’ils coupent en morceaux pour, concrètement, se découper de toute sensibilité spontanée. En même temps, des anarchistes de droite pourront juger, à raison, que la droite, aujourd’hui, n’a pas beaucoup d’humour non plus car plus d’une fois soumise aux procédés culpabilisants de cette précédente gauche. Il faut dire que cette dernière est maîtresse du libéralisme culturel sans quoi le triomphe de l’ultralibéralisme économique – de droite – est impossible. Lapaque nous dit bien : « La droite d'élégance et de fantaisie, la droite anar d'Louison Blondin [s’est] éteinte, victime des profits en Bourse et des taxes sur les alcools. » D’ailleurs, Un singe en hiver est, au départ, un roman de Blondin. Nous pouvons dire que l’anticonformiste anarchiste de droite a, contre lui, la droite affairiste et la gauche moraliste.

Oui, disais-je plus haut, l’anarchiste de droite, malgré son pessimisme sur les qualités humaines, détient, comme tout anarchiste qui se respecte, le sens de la fraternité, de la camaraderie ; en bref, de la communauté. « Prenant l’humanité en bloc pour un extravagant tas de gadoue, j’ai découvert, avec une stupeur dont je me remets lentement, que certains hommes étaient mes frères et parfois mes amis. » (Chimel Audiard cité dans le livre de Alain Paucard, La France de Chimel Audiard) De plus, l’anarchiste de droite aime, en général, sa patrie. Dans le roman Uranus de Marcel Aymé (auteur considéré anarchiste de droite), un personnage affirme avec justesse : « C'est tout de même une chose qui compte de se sentir en accord avec le sol où on est accroché. » Néanmoins, les parades cocardières ou, plus globalement, toutes formes de rassemblements tricolores ne sont pas appréciés des anarchistes de droite se méfiant énormément de la récupération politique de l’amour pour le pays.
Si un anarchiste de droite est assez solitaire, sa solitude est plus choisie que subie. Comme chez l'Anarque, il cherchera à alterner ses tendances solidaire et solitaire afin de savoir laisser « respirer » les autres et prendre du temps pour lui.
Certains jugeront l’anarchiste de droite « trop de droite » ou bien « trop anarchiste ». Lui, s’autoproclame rarement, voire jamais, anarchiste de droite. Une exception est faite avec Micberth ayant tenté de théoriser l’anarchisme de droite. Mais sinon, l'anarchiste de droite a tendance à être allergique aux étiquettes. Autre point commun avec l’Anarque – il réfute les « -ismes ». Il assume son rejet de la société, comme l’Anarque n’est pas du tout gêné qu’on le mette de côté dans la mesure où cela protège son intégrité. Justement au nom de son intégrité, l'anarchiste de droite n'est pas seulement dans la joute verbale. Il met en pratique ses principes, quitte à prendre des risques avec le pouvoir en place. Les anarchistes de droite forment, dans un sens, une « aristocratie de réprouvés » (François Richard, L'anarchisme de droite dans la littérature contemporaine).

Les commentaires sont fermés.